Nous arrivons à Udaipur avec le train de nuit. Et c’est en échangeant avec notre chauffeur de tuktuk qu’on trouve notre petit hôtel pour notre séjour dans cette jolie ville. On s’installe rapidement dans une chambre sympa au dernier étage, et après un petit-déj on ressort pour s’imprégner de l’ambiance de la ville. Et après seulement quelques minutes, on se rend compte qu’Udaipur offre un cadre beaucoup plus accueillant et reposant que les villes précédentes. Alors bien sûr ça reste l’Inde, il faut accepter de sursauter à cause des klaxons de temps en temps. Mais globalement, le climat est plus apaisé, les vendeurs moins agressifs dans leurs tentatives de prospection et on arrive à avoir de belles discussions avec des locaux. Et puis il faut dire que la géographie du lieu y est aussi pour quelque chose, puisque Udaipur borde le joli lac de Pichola. Un endroit magnifique et bien préservé. Certains des quais qui plongent dans l’eau donnent à la ville des airs de Venise. On peut observer ici les enfants se baigner et plonger depuis des promontoires, parfois juste devant des temples hindous où règne une atmosphère calme et reposante. Et puis l’avantage de venir en Inde à cette période, c’est que la saison n’est pas touristique en raison des fortes chaleurs. Les rues sont donc plutôt calmes, et les négociations plus faciles avec les hôteliers ou les vendeurs.

Bref, Udaipur nous fait l’effet d’un petit paradis reposant ! 



Quelques belles rencontres nous attendaient à Udaipur. Le premier jour on est attiré par une boutique d’antiquités et de marionnettes. On tombe sur un commerçant adorable qui doit avoir à peu près notre âge. Et assez rapidement, on en vient à discuter de sujets intéressants, tels que la religion en Inde, les relations inter-religieuses. Il nous présente les trois principaux dieux hindous : Brahma, Vishnou et Shiva. Ils composent la trimurti hindou. Il nous explique sa manière de voir l’hindouisme : pour lui, la marge d’interprétation des textes hindous est assez grande, et il est assez difficile d’identifier des grands préceptes ou des règles qu’il serait facile de suivre. Notamment parce que les textes sont très nombreux, et que selon les branches de l’hindouisme, la part d’interprétation est plus ou moins importante ; même si forcément présente puisqu’on parle de textes écrits en sanskrit il y a plus de 1500 ans quand même… En fait ces textes on avant tout traverser le temps grâce à la transmission orale, donc les versions d’un même fait originel peuvent diverger. On pourrait faire un parallèle avec les différents évangiles chrétiens, qui racontent chacun à leur manière la vie de Jésus, ce qui est déjà une forme d’interprétation. De son côté, notre commerçant semble vivre sa spiritualité avec beaucoup de liberté. On comprend aussi une particularité de l’hindouisme : les hindous croient en une multiplicité de dieux, qui ont chacun leur rôle, leur « spécialité » d’une certaine manière, de notre côté ça nous fait penser à la mythologie antique. On pourrait donc penser logiquement qu’ils sont polythéistes mais cela n’est en fait pas si évident que ça en a l’air, puisque toutes ces divinités seraient en fait les multiples visages d’un seul absolu, un seul dieu. Donc l’hindouisme serait plutôt un monothéisme? On réussira pas à trouver la réponse, pas facile à comprendre à comprendre l’hindouisme ! 

C’est donc une rencontre qui nous mène à de beaux échanges ! Et puis après avoir discuté avec lui, il nous présente son père qui est dans l’arrière-boutique ; sa spécialité est la marionnette ! Il les fabrique mais il sait aussi leur donner vie en les faisant danser. Il nous fait une démonstration impressionnante de plusieurs minutes dans l’arrière boutique, une pièce petite et confinée où des milliers de marionnettes sont accrochées sur les murs. Chacune d’elle a nécessité plusieurs heures de travail, à partir de papier mâché, de cordes, de peinture et de beaux tissus pour les habits. A ce moment-là, on est comme des gosses, c’est un petit moment magique et privilégié !



Et en flânant dans les rues d’Udaipur, on croise un homme qui arrive à notre hauteur sur son vespa rose bonbon et commence à nous parler en français tout naturellement. Il s’appelle Yussuf, on apprend qu’il possède une atelier d’art, qu’il est lui-même artiste et qu’il parle le français car il a vécu plusieurs années à la Réunion. Deux jours plus tard on repasse le voir dans son atelier, où l’on observe quelques artistes en train de peindre assis en tailleur sur le sol, appuyés sur des tables basses en bois. Yussuf nous montre sa boutique où l’on trouve des peintures miniatures, qui sont la spécialité artistique de la région. Sur un carré de soie de quelques centimètres de côté, les peintres de miniatures parviennent à représenter des scènes d’amour, de séduction, de cérémonies religieuses ou de guerre. C’est pas grand alors il faut se pencher et plisser les yeux pour découvrir le niveau impressionnant de détails sur ces oeuvres. Yussuf fume des cigarettes qui sont certainement les moins chères de l’Inde, elles sont entourées d’une grosse feuille végétale et sentent un peu le cigare. On passe une bonne heure à jouer aux échec avec lui (mais on ne préfère ne pas parler des résultats de ces parties d’échec…) C’est une belle et courte rencontre dont on se rappellera. Et pour le coup, c’est agréable de rencontrer des commerçants qui ne poussent pas à l’achat et qui voit dans un étranger l’occasion d’une rencontre au-delà d’un porte-monnaie ambulant, car c’est souvent la sensation qu’on peut avoir il faut l’avouer !


Les principaux attraits d’Udaipur sont ses lacs, notamment le lac de Pichola, mais aussi le « City Palace ». Un fort absolument magnifique qui surplombe le lac Pichola. Ce complexe de plusieurs palais était le centre du royaume de Mewar, dont Udaipur fut la capitale. La construction de ce fort débuta en 1559 et s’étala ensuite sur plusieurs siècle, chaque génération ajoutant littéralement sa pierre - voire son palais - à l’édifice. Les dirigeants de ce royaume étaient appelés « Maharana ». Le royaume de Mewar fut donc un état princier des Indes jusqu’en 1949, date à laquelle il faut intégré au Rajasthan, région de la jeune république d’Inde qui gagna son indépendance en 1947. Mais le sujet est loin d’être simple, alors ne nous étalons pas trop ce serait bien trop long ! 



Un matin, on décide d’aller explorer un peu plus les environs d’Udaipur en louant un scooter. Mais cette petite aventure à deux roues se révèle assez rapidement être un échec. On découvre des environs relativement déserts, ou plutôt mal aménagés puisqu’on croise des installations impressionnantes laissées à l’abandon où de grandes constructions hôtelières et touristiques ont été tenté. Tous ces « resorts » ont dû faire faillite et il ne reste que des squelettes de ce qui devait être des « oasis touristiques » au milieu de zones désertes et sans intérêt. Malgré cet étonnant « cimetière entrepreneurial », on croise aussi des constructions du même type qui sortent de terre, et ce malgré les mauvais présages plus qu’évidents laissés par les tentatives environnantes. Et puis, au-delà de ces découvertes qui rendent notre balade à scooter un peu décevante, le soleil se met à taper très fort. Ce qui fait qu’on subit de sacrés coups de soleil… On vous laisse imaginer la belle trace que peut laisser un casque de scooter sur le front quand on prend un coup de soleil ! Bref, c’était sympa de prendre l’air en scooter mais finalement on rentre beaucoup plus tôt que prévu et un peu penauds après avoir tourné en rond. Finalement, on va se contenter du centre d’Udaipur… Et pour lutter contre la chaleur qui monte et qui frôle les 40 degrés, on se met en quête d’une piscine ! Les hôtels qui possèdent des piscines proposent des forfaits à la journée pour les personnes qui ne seraient pas clientes. Ces services n’étant pas forcément officiels, la tête du client est souvent le critère qui détermine le prix, mais ce voyage a fait de nous des durs en affaire alors maintenant tout ce négocie. Dans ce périple indien qui n’est pas toujours de tout repos, cet après-midi piscine - lecture - soleil est un bonheur ! 


Le musée d’Udaipur organise chaque soir des représentations de danse traditionnelle du Rajasthan. On s’installe dans une jolie cour intérieure, assis sur des coussins à même le sol. Et puis le spectacle commence, les musiciens s’en donne à coeur joie sur des instruments dont on ne connait pas les noms : une sorte de petit piano avec un soufflet à l’arrière du clavier, une sorte de violon qui aurait pris quelques kilos et des percussions à plusieurs faces assez étonnantes. Entre chaque démonstration de danse, une femme prend le micro pour introduire la danse suivante, ce qui laisse le temps aux danseuses de changer de tenue pour s’adapter aux coutumes de chaque région. C’est coloré, c’est joyeux. Les sourires des danseuses et l’entrain des musiciens sont contagieux. 



Lorsqu’on part d’Udaipur, c’est pour rejoindre une autre ville du Rajasthan, Jodhpur. Cette dernière a la réputation d’être une plus grande ville alors on s’attend à une ambiance un peu plus fatigante ! On a l’intention de faire étape là-bas assez rapidement avant de repartir à Jaisalmer, ville situé à l’extrême Ouest du Rajasthan, proche de la frontière avec le Pakistan. Entre la proximité des lacs, les jolies ruelles et notre après-midi piscine, cette étape à Udaipur était reposante et nous a un rabiboché avec l’Inde qui avait pu être difficile à vivre jusqu’ici.