Nous voilà maintenant à Agra, une ville a priori peu connue, mais si je vous dis « Taj Mahal » je suis certain que ça devient un peu plus parlant ! Et oui, Agra abrite l’une des 7 merveilles du monde moderne, le fameux Taj Mahal. Et c’est par le train de nuit en provenance de Varanasi que nous entrons dans Agra après une nuit agréable à être bercés par le roulis du train. Il faut dire qu’on avait tardé à réserver nos billets, alors on a été obligé de prendre des billets dans les classes supérieures. N’allez pas non plus imaginer des dorures, du cuir et des plateaux en argent, ce n’est pas l’Orient Express… Nos privilèges se limitaient au fait d’avoir la climatisation dans la rame et des couchettes un peu plus large, mais globalement on reste sur un standing proche du dortoir de colonie de vacances. Qu’importe les classes, jusqu’ici on est heureux de reprendre le train en Inde ! Profitons en d’ailleurs pour faire un aparté et vous parler de ce sujet un peu mieux. 


Petit aparté sur le système ferroviaire indien

Les trains indiens, c’est une sacrée aventure ! Déjà il faut comprendre leur système de réservation et de classes. Car contrairement à la France où l’on trouve simplement une première et une seconde classe, il y a une dizaine de classes différentes en Inde… Et comme ce n’était pas assez compliqué, chacune porte un nom de code qui ne donne que peu d’indices sur le standing réel qu’on peut en attendre. Lorsqu’on a pris notre premier train indien, on est arrivé tard à la gare, alors en prenant les places à la va vite, on s’est retrouvé dans la dernière classe. Les indiens la surnomme la « jungle », ça donne une idée de l’ambiance. Et en effet, c’était la jungle, puisque les places n’y sont pas attitrées et que les gens s’entassent sur 3 niveaux de couchettes super-posées. Pas de fenêtres mais des barreaux. Alors la poussière soulevée par le train a une facheuse tendance à s’infiltrer à l’intérieur des rames. On arrive trop tard pour s’asseoir alors notre premier trajet se fait debout à côtés des portes… Mais c’est de cette manière qu’on découvre que les trains indiens roulent les portes ouvertes, alors on en profite pour admirer les paysages assis sur le marche-pied. Par la suite, on découvre des wagons beaucoup plus confortables où il ne faut pas batailler pour avoir une place, mais au moins on aura commencé par le pire, c’est formateur. En Inde, le train est le mode de transport longue distance le plus utilisé par la population. Le réseau ferré indien est l’un des plus long du monde, et aussi l’un des plus fréquenté avec plus de 5 milliards de passagers par an. Facile quand on a une population de 1,4 milliard… 

Bref, de notre côté on est heureux de retrouver le train ! Notre moyen de transport fétiche - et écologique ! - n’existait pas au Népal et nous n’avions donc pas mis le pied dans un train depuis notre arrivée au Tibet ! Quel plaisir de voir défiler les paysages agricoles du nord de l’Inde et de se faire gentiment bercer par les cliquetis des roues contre les rails.


Nous nous installons à Agra dans un petit hôtel qui nous ait recommandé par notre chauffeur de tuktuk. Et nous ne serons pas déçu parce que le toit-terrasse offre une belle vue du Taj Mahal et qu’on tombe sur des cuistots doués et très sympas ! On choisi de commencer notre visite de la ville par le fort rouge d’Agra, un monument moins connu que son proche voisin - le Taj Mahal - mais qui mérite vraiment d’être vu ! Il s’agit d’une énorme citadelle de grès rouge renfermant plusieurs palais et deux mosquées. Ces édifices sont considérés comme l’aboutissement de l’architecture moghole. A son apogée, l’empire moghole s’étendait sur une zone géographique correspondant à l’actuelle Inde, au Pakistan, au Bangladesh et à une partie de l’Afghanistan. L’empire moghole représente l’apogée de l’expansion musulmane en Inde. Cet empire s’est déployé du début du XVIe siècle jusqu’au milieu du XIXe siècle. Le fort d’Agra est le plus grand fort de l’Inde, recouvrant une surface de 38 hectares. On vous partage plusieurs images de cet impressionnant fort, qui permet à lui seul de se faire une idée de la puissance de l’empire moghole à l’époque.



Bon, le lieu est exceptionnel mais on doit dire que notre visite l’est un peu moins, pour des raisons plutôt relationnelles et sociales… Le jour où nous faisons la visite du lieu, un grand nombre de touristes indiens sont présents pour en profiter. Et assez rapidement, nous avons l’impression d’être au centre de l’attention. Des dizaines de personnes nous approchent pour nous demander s’ils peuvent se prendre en selfie avec nous. Tandis que d’autres nous prennent en photo sans nous demander notre avis, ce qui a le don de nous énerver assez rapidement. On découvre malgré nous à quel point il doit être difficile d’être réellement célèbre, en fait c’est une forme de harcèlement perpétuel… Certains parents tentent même de forcer leurs enfants à poser devant nous. Au fond, on ne comprend pas cet engouement, alors on adopte une position ferme : dire NON, à tous sans exception. Car dire oui à l’un devant une cinquantaine d’autres, c’est risquer de créer une file d’attente… Et puis au bout d’un moment ça nous fatigue, et on décide d’essayer de comprendre. Alors qu’un prétendant au selfie s’approche, le malheureux se fait gentiment rembarrer mais cette fois on cherche à le questionner : « quel sens y a-t-il à vouloir se prendre en photo avec des inconnus ? Tu ne préfères pas plutôt t’asseoir avec nous 5 min pour qu’on fasse connaissance ? C’est peut-être plus intéressant… Et qu’est-ce que tu vas faire de ces photos ? Et puis peut-être que si tu me connaissais tu me détesterais, alors pourquoi faire un selfie ensemble ? » … Pauvre garçon, il est mal tombé alors il subit la question avec patience, interloqué et un peu déséquilibré… Il n’a pas franchement de réponse à nous offrir, il semble d’accord sur toute la ligne. Alors on discute deux minutes, pour tenter de lui montrer que c’est plus sympa de faire connaissance que d’avoir nos têtes dans son téléphone. Mais avant de nous quitter, il prend un selfie comme un voleur et s’en va. Bonjour tristesse, nos explications n’auront servi à rien. Bref, on a du mal à comprendre cet engouement très superficiel qu’on suscite…


Globalement, à Agra mais aussi dans d’autres grandes villes, on est aussi confronté à un autre problème qui lui n’a rien d’humoristique : le fait que beaucoup d’indiens sont assez irrespectueux envers les femmes. Le plus souvent, cela passe par des regards très déplacés et gênants. Les plus bêtes sont souvent ceux qui sont jeunes et en groupe… Il faut croire que c’est universel, l’effet de groupe tire rarement vers le haut. On ne sait pas trop comment lutter contre ça, si ce n’est en leur disant de regarder devant eux et en se moquant d’eux. On voudrait leur rappeler qu’ils ont une mère, une soeur, et qu’ils auront peut-être un jour une fille qui n’appréciera pas d’être reluqué par des idiots de cette manière. Mais on a pas envie de se fatiguer à essayer de les changer, et puis on y passerait réellement nos journées à certains endroits. En fait le problème est trop général, trop culturel, c’est aux institutions de s’emparer de ce sujet. Mais c’est aussi important d’en parler, parce que c’est une réalité qu’il faut avoir en tête quand on va en Inde !


Après cet aparté peu glorieux, revenons à ce qui nous a attiré dans cette ville d’Agra : le fameux Taj Mahal. Pour le visiter, on se lève vers 5h, et ce petit effort en vaut largement la peine parce que la première heure passée sur le site est certainement la meilleure. On traverse dans le calme les magnifiques jardins qui mènent à l’édifice. Le Taj Mahal est un joyau de l’architecture moghole, il s’agit d’un mausolée construit par l’empereur Shâh Jahân pour honorer une de ses épouses. L’empereur a lui-même été inhumé aux côtés de sa femme après sa mort. Cette construction folle entièrement faite de marbre blanc est une sacrée preuve d’amour qui fait que le lieu a cette réputation romantique ! On trouve sur les façades et les murs intérieures des incrustations magnifiques qui représentent notamment des motifs floraux. 

De notre côté, on en prend plein les yeux au Taj Mahal. Voir le soleil se lever sur les façades de marbre blanc et les murs d’enceinte de grès rouge est un moment vraiment privilégié. La lumière et les couleurs sont vraiment incroyables. On passe donc une partie de la matinée à déambuler autour du mausolée et dans ses jardins. Et plus nous avançons dans la journée plus les touristes affluent. Il semble que les touristes indiens soient plutôt des lève-tards parce qu’ils arrivent en masse quand nous arrivons à la fin de la visite. Bien évidemment, on vous laisse imaginer à quel point les photos et les téléphones sont omniprésents lors de cette visite. On s’amuse en observant certains touristes qui prennent des poses peu naturelles ou qui enchainent les photos clichés.



On est heureux d’avoir pu voir à Agra ces monuments exceptionnels. Le seul bémol qu’on pourrait relever est qu’il est assez marquant de voir que malgré la présence de ce monument (qui est l’un des plus visités au monde), les quartiers qui entourent le Taj Mahal ne semblent pas profiter de la richesse qui afflue. Il y a des grands hôtels, et d’autres moins grands, un flux de touristes important, mais malgré ça une partie de la population semble vivre dans la pauvreté. Certains quartiers proches de la gare sont même des bidonvilles, ce qui est assez marquant. Les inégalités en Inde sont de toute manière beaucoup frappantes que celles que nous avons constater au Népal. Mais nous pourrons revenir sur ce sujet dans un article plus approfondi.


Après ces 2 jours à Agra, nous reprenons le train, et cette fois en direction de la ville d’Udaipur. Une ville moins grande au bord d’un jolie lac. On espère y trouver plus de calme et de sérénité !