Après notre grande traversée de la Russie en train et quelques heures de bus, nous arrivons dans la capitale mongole : Oulan-Bator. C'est un soulagement d'avoir passé la frontière russo-mongole sans encombre. Si vous avez suivi nos aventures jusqu'ici vous savez que les frontières russes nous ont apporté quelques péripéties jusqu'ici dont on se serait bien passé !

Les douaniers mongoles sont même enchantés de voir des français, ils rigolent de nous voir ici et commencent à lister ce que leur inspire notre pays : "Zinédine Zidane !! Mbappé !!". Il semble qu'on soit tombé sur un sacré fan de foot !


En habitués naïfs de l'espace Schengen, nous avons en fait découvert ce que voulait dire "passer une frontière" en se lançant dans ce voyage ! La norme est en fait bien différente ailleurs dans le monde : déjà, un passage de frontière se fait toujours en deux temps, d'abord on quitte un pays, puis il faut traverser un no man's land plus ou moins grand, pour atteindre la frontière du pays suivant. A chacune des deux étapes, les contrôles sont plus ou moins scrupuleux, mais le plus souvent ils ressemblent à un checkpoint d'aéroport : vérification de passeport accompagné d'un passage de portique et d'un scanner des bagages au rayon X. Les douaniers fouillent aussi les véhicules, quand c'est un bus de 30 personnes ça prend quelques minutes. Quand c'est un train qu'il faut fouiller, on vous laisse imaginer. C'est donc le moment "militant européiste" : Vive l'espace Schengen !


On atteint Oulan-Bator après un trajet en bus magnifique d'une journée. C'est long mais les paysages nous empêchent de nous ennuyer, on commence à découvrir les steppes de Mongolie partiellement enneigées. On somnole aussi beaucoup, le transsibérien n'était pas des plus reposants... A notre arrivée à la gare routière routière d'Oulan-Bator, nous sommes assaillis par les chauffeurs de taxi en quête de clients. Et puis, au milieu de ce bazar, on tombe par hasard sur un monsieur mongole, qui se met à nous parler en français. Il s'appelle Bolod, il possède une guest house dans le centre ville et il organise des expéditions dans les steppes mongoles. Après quelques instants à se jauger, on décide de faire confiance à Bolod et d'aller loger chez lui. C'était une bonne idée car on se sent très bien dans son appartement, et on est à quelques minutes à pied de la place central. C'est aussi avec Bolod qu'on partira en excursion quelques jours plus tard. Un heureux hasard que cette rencontre !


Oulan-Bator concentre un tiers de la population mongole, soit 1 million de personnes sur les 3 millions au total. Et oui, les mongoles sont peu nombreux en Mongolie ! On découvre qu'il y a en fait plus de mongoles en dehors de Mongolie qu'à l'intérieur du pays, pourtant gigantesque. Plusieurs millions vivent en Chine, au Kazakhstan, en Russie et ailleurs dans le monde.

L'ambiance est froide, il fait en général -10 degrés la plupart du temps, et on frôle parfois les -30 pendant les nuits. La capitale mongole est saturée de voitures, les embouteillages sont tellement importants qu'on va plus vite à pied. Cette ville est l'une des plus polluées au monde, mais la voiture n'est pas la principale fautive, il s'agit du charbon. La ville est bordée par deux centrales à charbon qui tournent à plein régime en hiver pour fournir l'électricité nécessaire à l'agitation citadine. Le charbon est aussi utilisé pour se chauffer dans certains quartiers périphériques de la capitale, où l'on voit beaucoup de yourtes se mêler à de petites maisons de plain-pied. En termes d'architecture, Oulan-Bator est un méli-mélo : on croise des buildings modernes entièrement recouverts de verre, beaucoup de bâtiments collectifs de l'époque soviétique mais aussi des yourtes en plein centre ville. Pour être honnête, l'ensemble n'est pas très cohérent et on ne trouve pas ça très beau... Tous les chantiers qu'on croise sont en train d'ériger des tours de plusieurs dizaines d'étages. Il semblerait que la Mongolie soit inspirée par les mégalopoles chinoise, japonaise ou coréenne !



On commence notre exploration d'Oulan-Bator dès le lendemain de notre arrivée. Et il y a quand même de belles choses à faire et à voir dans les environs.

On a la chance d'assister à une représentation d'un ballet mongole dans le théâtre national. Un spectacle magnifique avec un orchestre impressionnant. L'avantage du ballet n'est pas des moindres : il n'est pas nécessaire de comprendre le mongole pour comprendre ce qui se joue sur la scène ! En résumé : une histoire d'amour qui tourne mal et finit sur un meurtre dû à la jalousie. Assez shakespearien comme histoire, mais surtout mongole évidemment !


Nous allons également au musée national de Mongolie. Le musée retrace l'histoire du pays depuis les premiers peuples ayant habités ces terres jusqu'à l'époque contemporaine. Les explications ne sont pas toujours traduites alors on ouvre surtout grand les yeux pour admirer beaucoup de très belles pièces (textile, instruments de musique, encres...). On comprend tout de même que l'empire mongole a été le plus grand empire ayant jamais existé, et notamment grâce à Genghis Khan qui a su unifier des peuples nomades et rivaux, pour créer un empire colossal. Les mongols lui vouent encore aujourd'hui un véritable culte (statues, fête de son anniversaire etc.)

Et puis en finissant notre visite, nous rencontrons une femme adorable : Uchka qui parle français et nous propose d'assister à une activité assez insolite : le concours de broderie national qui rassemble des milliers de participantes - oui, il n'y a que des femmes - qui viennent présenter leurs oeuvres après des semaines, voire des années de travail. La gagnante a présenté une oeuvre ayant demandé 7 ans de travail, c'est fou... La précision et la patience sont à l'honneur, et les oeuvres sont impressionnantes !



En se baladant dans Oulan-Bator, il nous arrive de tomber sur des pépites, et notamment des temples bouddhistes ayant survécu à la période communiste. Ce sont des lieux rescapés en quelque sorte, car l'intérêt des soviets pour les vieilles pierres était limité et une grande partie des temples ont été rasés. On découvre dans ces lieux des atmosphères chargées et très colorés, les décorations sont présentes sur tous les murs et représentent des divinités bouddhiques. Ces représentations et décorations sont bien différentes de ce qu'on a pu voir dans les lieux de cultes chrétiens ou musulmans. En se promenant dans les temples, on observe les pratiques et coutumes locales. On s'étonne de voir qu'il est possible de payer les moines bouddhistes pour recevoir des conseils et une sélection de textes adaptés à la situation ; mais aussi en tombant devant une sorte de banque de don au sein même du temple. Il faut imaginer une dizaine de guichets vitrés, ressemblant à ceux des banques ou des assurances avec derrière chacun d'eux un moine occupé devant un ordinateur ; avec également à quelques mètres trois distributeurs de billets. Le fidèle n'a plus d'excuse pour ne pas passer à la caisse !

On comprend donc que l'institution bouddhique mongole puisse construire des temples flambant-neufs, au point d'en construire même plusieurs les uns à côté des autres, étonnant !



Au Sud de la ville, on parcourt les allées du grand marché de Narantuul, aussi appelé "Black Market". Il est possible d'y trouver à peu près n'importe quoi : habillement, matériel équestre, décoration d'intérieur, encens pour des rîtes chamaniques... On en profite pour déjeuner avec les marchands dans un boui-boui où la télé accrochée au mur diffuse de la lutte mongole, sport très apprécié et pratiqué par les hommes.

Notre excursion dans ce marché permet notamment à Elise de s'acheter des chaussures d'hiver montantes, ce n'est pas superflu pour affronter les températures négatives et la neige omniprésente dans la ville.

En parlant de la neige : Oulan-Bator étant la capitale la plus froide du monde, la neige qui tombe ici ne fond pas avant le début du printemps, puisqu'il ne fait jamais plus de zéro durant l'hiver. Ce n'est donc pas pratique, et cela oblige les autorités locales et les habitants à évacuer cette neige, qui sinon finit par s'accumuler ! On croise donc souvent des employés de la ville en train de remplir des camions entiers de neige à la pelle, de briser les plaques de glace sur les trottoirs, ou des habitants remplissant de grands cartons et les laissant sur les trottoirs pour qu'ils soient ramassés comme des poubelles. C'est absurde tant ce travail est sans fin et recommence après chaque intempérie...


Après ces quelques découvertes, il s'agit pour nous de passer à quelque chose de beaucoup plus sérieux : fêter l'anniversaire d'Elise ! Et pour ça, on prend la route des steppes pour une excursion de quatre jours, ce qui devrait nous permettre de profiter des zones sauvages de Mongolie et de rencontrer des nomades, qui sont encore très nombreux dans ce pays !