Après quelques jours à Oulan-Bator, nous prenons la route pour 4 jours d'excursion à l'ouest de la capitale. Une occasion de fêter les 26 ans d'Elise en découvrant les beaux paysages de Mongolie !


On décide donc de faire confiance à Bolod, notre guide qui est aussi le propriétaire de la guest house où nous logions jusqu'ici. Sacré personnage de 65 ans qui a beaucoup d'histoires à raconter. Nous partons également accompagné de Torga, super chauffeur de 4x4 qui nous fera traverser les steppes enneigées sans encombres. On découvrira au fil des 4 jours que son 4x4 haut-perché n'était pas superflu mais bien nécessaire pour traverser les steppes.


Nous avons pu préparer avec notre guide l'itinéraire de cette excursion avec comme objectif de découvrir les steppes mongoles, voir des animaux sauvages, aller à la rencontre des nomades (encore très présents en Mongolie) et visiter deux sites historiques datant de l'époque de l'empire mongole. Allez, on vous emmène avec nous pour ces 4 jours !


Après avoir quitté difficilement les embouteillages d'Oulan-Bator - ville en permanence saturée - les paysages changent rapidement et nous arrivons dans les fameuses grandes étendues mongoles : la steppe et les montagnes qui la bordent. Les premiers troupeaux de moutons et de chèvres des nomades apparaissent vite. A cette période, ils broutent difficilement en grattant la neige pour tenter de trouver quelque chose à se mettre sous la dent. D'ailleurs, nous aussi on en profite pour se mettre quelque chose sous la dent : pique-nique au soleil avant de reprendre la route, que du bonheur !



Nous rejoignons rapidement le parc naturel de Khustai nuruu où nous avons la chance de nous rapprocher des chevaux sauvages de Mongolie, une espèce qui a failli disparaître au début du XXème siècle et qui a été réintroduite plus récemment , il n'y en a que 800 aujourd'hui dans le monde. Leur robe est particulièrement belle, un magnifique dégradé allant du marron sur le garot à un beau beige clair sur le ventre. Plutôt courts sur pattes et légèrement dodus, ils sont robustes et semblent particulièrement adaptés à l'hostilité de leur environnement naturel.


Nous continuons la route, complètement seuls dans ces immenses espaces. Nous sommes bouches bée devant ces plaines enneigées qui s'étendent à perte de vue, jamais nous n'avions vu de tels paysages. A travers la fenêtre, nous apercevons beaucoup d'animaux. Certains d'élevages de nomades comme les vaches, les moutons et les chèvres et d'autres plus sauvages, notamment beaucoup de biches et de nombreux oiseaux.


Et puis au beau milieu de cette steppe, nous découvrons une ancienne frontière entre deux royaumes, matérialisée par des pierres plantées dans la steppe sur des kilomètres, le paysage est déjà vertigineux à lui seul par ses étendues, mais avec ce genre de monuments s'y ajoute un vertige historique et temporel.


Pendant l'après-midi , on vit aussi une expérience insolite et pour laquelle il faut avoir le coeur bien accroché. Alors que notre chauffeur fait halte devant un camp de nomades pour demander son chemin, nous découvrons ce qui occupe les hommes et jeunes garçons à ce moment précis : abattre une vache. Nous arrivons juste avant la mise à mort. Au vu des morceaux de viandes qui sont étalés sur une bâche à proximité et du sang qui imprègne la neige, il semble qu'une de ses congénères nous ait quitté quelques minutes plus tôt. On s'interroge : doit-on rester ou pas ? Comment comptent-ils s'y prendre ? Un instant, les 6 nomades semblent deviner nos questions, parce qu'ils nous regardent en s'échangeant des sourires amusés. Mais le travail n'attend pas, alors le plus petit de la bande - qui doit avoir 12 ans à tout casser - ramène l'animal en lui mettant des coups de pied au derrière et en lui tirant la queue, tout en délicatesse. La pauvre bête comprend son sort et tente de faire demi-tour mais elle est retenue. L'abattage est plus que rudimentaire, les nomades utilisent une masse et tapent sur le haut de son crâne, la bête se raidie soudainement et roule sur le côté, les 4 pattes dressées vers le ciel. Adieu Marguerite. Bon appétit messieurs.


Notre première nuit chez les nomades approche. Rien n'est prévu d'avance entre notre guide et de quelconques familles nomades. Il faut simplement les trouver (ce qui n'est déjà pas gagné), se présenter, et leur demander s'ils acceptent de nous accueillir pour la nuit. Ce n'est donc pas une mince affaire mais en cette première journée, nous sommes chanceux et la première tentative est la bonne ! Nous sommes accueillis par un couple souriant, ils nous invitent à entrer dans leur Ger (nom des yourtes mongoles) où nous passerons la soirée et la nuit tous ensemble.


  • Nous dormirons dans la ger (yourte) de droite. Beaucoup de nomades ont deux gers, dont l'une sert plutôt d'espace de stockage pour du matériel et l'autre d'habitation pour toute la famille.


A l'intérieur, l'espace est confiné et l'air saturé par la chaleur et la fumée produite par le poêle central. Les nomades utilisent notamment des bouses séchés en guise de combustible. C'est efficace mais ça laisse dans le fond de l'air une odeur un peu particulière... Le poêle permet de faire la cuisine et de réchauffer l'espace. On s'y sent plutôt bien et surtout nous sommes chanceux de découvrir ce mode de vie si particulier et préservé.


Nous découvrons avec curiosité et admiration la vie de ces gens. Ils se sont installés il y a 10 jours à cet emplacement qui sera leur camp d'hiver; ils y passeront les 5 prochains mois seuls à 60km du village le plus proche. Le couple vit essentiellement de l'élevage, ils ont un beau cheptel de vaches qui leur apporte lait et viande (Elise a même pu mettre la main à la pâte et aider à la traite) ! Chaque hiver, ils tuent deux vaches pour leur consommation personnel et une dizaine d'autres pour les vendre au village, juste de quoi acheter le nécessaire pour passer l'hiver.


On découvre des productions locales, notamment des petits fromages ressemblant à des gâteaux, fabriqués à partir de lait fermenté puis séché contre le poêle. C'est fort et ça croque sous la dent ! Nous sommes aussi surpris par l'équipement numérique des nomades, on réalise qu'ils ont tous des panneaux solaires, permettant d'avoir la télé, de recharger leur smartphone, et aussi d'avoir la lumière. Ces équipements leur rendent la vie évidemment plus facile, mais un tel mélange de tradition et de modernité en un espace aussi confiné laisse pensif, on a l'impression de voir des mondes s'entrechoquer !

Nous finissons par nous endormir par terre au pied du poêle brulant, bien serrés, à 6 dans cette petite yourte.