(Cet article fait suite au précédent intitulé « Volontariat dans une école et un internat népalais » dans lequel Elise décrivait son début d’expérience en volontariat tandis que Thibault faisait de la méditation)


Ce volontariat, c’est l’occasion de se rendre utile à ce beau pays et à ses habitants qui nous apportent tant depuis notre arrivée. Après une semaine ou deux, on se rend aussi compte que s’installer au même endroit a quelque chose de ressourçant au milieu d’un voyage aussi long et mouvementée ! Il y a du positif à retrouver quelque chose qu’on avait perdu : un quotidien ! Un voyage comme celui-ci est une belle occasion de tirer un trait sur certaines habitudes mais il faut dire qu’on trouve du repos dans le fait d’avoir un rythme, c’est aussi ce que nous apporte ce volontariat. Alors, pour vous emmener avec nous, commençons par dresser le portrait de ce quotidien qui a composé notre vie pour un mois :


L’internat qui nous accueille est posé à flanc de montagne. Pour le trouver, il faut emprunter les routes sinueuses qui partent de Katmandou en direction du Nord. Cet environnement change de l’agitation de la capitale, ici ce sont les champs et les rizières qui dominent le paysage. Pas de voisins directs à part les singes qui vivent en groupe et s’approchent parfois de l’internat. Et puis, éparpillés aux alentours, des familles de paysans à la vie rude et simple. Depuis les balcons qui entourent le premier étage de l’internat, la vue est plongeante sur la vallée luxuriante. Et lorsque la météo le décide, souvent le lendemain d’un jour de pluie, il est même possible d’apercevoir les premiers sommets enneigés de l’Himalaya. C’est ici qu’on passe nos soirées et nos jours de repos - au Népal, seul le samedi est un jour de week-end - tandis que la journée nous partons à 10 km de là, pour travailler dans l’école de Shanti Kunja, un lieu joyeux qui accueille 170 enfants. Pour se rendre à l’école, on fait parfois un bout de chemin en profitant du bus scolaire des enfants de l’internat. Eux sont scolarisés dans une autre école. Cela ne nous avance que de quelques kilomètres mais pas de problème, parce qu’au Népal la débrouille, l’improvisation et l’entraide dominent. Alors on fait du moto-stop tous les jours, matin et soir pour pouvoir rejoindre l’école. Il suffit d’agiter la main (lever le pouce ne veut rien dire ici, à part peut-être « super »…) et puis votre pilote s’arrête. Ca baragouine quelques mots d’anglais, une destination népalaise forcément mal prononcée ; et puis vous vous retrouver un instant plus tard derrière votre pilote. La route, au fond de la vallée, longe des rizières sur des kilomètres. Avec la lumière du soir, les paysans les pieds dans l’eau et les reflets des montagnes, on plonge dans la contemplation. Il y a des instants magiques à l’arrière de ces motos népalaises où l’on se fout de tout, où la pensée passe au second plan, disparaît de la scène pour ne laisser place qu’à la beauté. Sur ce chemin quotidien, il nous arrive de nous arrêter chez un petit marchand de samoussas qui cuisine devant sa boutique. Le samoussa est à 25 roupies, ce qui fait 17 centimes, et avec quatre on est plus que rassasié, autant dire qu’on mange pour pas cher ! 


Du côté de l’école Shanti Kunja, on partage notre temps en fonction des besoins et de nos envies du jour : travaux de peinture, remplacement de certains enseignants, communication auprès des partenaires de l’école pour Thibault et organisaiton d’ateliers de lecture individuels pour Elise. Bref, il y a du boulot ! Et la marge de progression côté pédagogie est assez impressionnante. Nous n’avons pas de qualification particulière dans le domaine de l’éducation mais instinctivement, on comprend que les choses clochent assez souvent. Les méthodes d’ici sont basées sur la répétition et non sur l’analyse et la compréhension. Le professeur donne un mot ou une phrase, la classe le hurle en coeur. C’est quasi militaire. Est-ce qu’ils comprennent ce qu’ils hurlent ? Est-ce qu’ils ont le temps de l’intégrer ? Au fond personne ne peut le dire, en tout cas ils donnent de la voix ! Les méthodes tournent même parfois à la violence, le tirage d’oreille et les tapes dans le dos sont encore répandues. Le nouveau directeur a pourtant interdit toute forme de violence envers les enfants il y a quelques mois, mais les vieilles habitudes ont la vie dure. Ces quelques semaines à l’école nous permettent de réaliser quelques projets : nous avons le temps de faire les photos de classe et des photos individuelles pour toute l’école, on égaye la cour avec un peu de peinture et en faisant participer les enfants, et puis on réalise des cours un peu différents : Elise organise un échange sur la thématique du voyage, Thibault ne peut pas s’empêcher de leur parler d’écologie. Lors de certains remplacements, leur manque de discipline nous fait frôler la crise de nerfs : on en retrouve certains en train de manger des nouilles instantanées (pas cuite) au fond de la classe, tandis que d’autre se lèvent au milieu d’un cour pour aller frapper leur copain etc… Bref, on découvre les joies de l’enseignement ! Dans l’ensemble, on retiendra surtout les bons moments passés avec eux, car ils sont la plupart du temps adorables, touchants et drôles ! On passe aussi du temps à s’étonner du caractère de chacun, il y a les boules de nerfs, les calmes et rêveurs, les malicieux. On les adore. Et puis il y a aussi eu le jour de fête de Saraswati, la déesse hindoue de l'enseignement. Ce fût un jour gai où les enfants sont tous venus en habits de fête, on y a bien mangé, bien dansé, bien chanté et bien rigolé. Et pour l'occasion, Elise avait vêtu un sari (habit traditionnel des femmes) ! Elle ressemblait un peu à un sapin de Noel mais fallait bien essayer une fois quand même !



Du côté de l’internat, on vit avec neufs enfants. La plus jeune doit avoir 6 ans - on est pas tout à fait sûr car sa date de naissance n’est pas connue - tandis que la plus âgée a 16 ans. Cet endroit n’est pas un orphelinat à proprement dit, puisqu’ici la majorité des enfants ont encore au moins un parent ou du moins un représentant légal. Ce qui les rassemble est que leur situation familiale ne leur permet pas d’avoir un cadre sain pour leur développement : violences familiales, addictions ou maladie des parents… Bref, on ne s’attardera pas sur ces histoires personnelles, parfois tragiques, parfois sordides, souvent liées à la pauvreté économique ; elles leur appartiennent. Pour encadrer les marmots, deux femmes sont présentes en permanence. Il y a Sita qui est chargée de nourrir cette petite communauté. Son registre de recettes est assez limité puisque le Dal Bhat (riz blanc et soupe de lentilles) s’impose pour tous les repas. Les premiers jours ça va, au bout d’un mois la volonté de passer à table vous a simplement quitté… Et puis il y a Saraswati qui s’occupe du potager et surtout qui veille sur les enfants. On passe du temps à jouer avec eux, aux cartes, au Badminton, ou juste à discuter et chanter autour du feu. Leur niveau d’anglais limite un peu nos conversations, même si certains ne sont pas mauvais ! On est touchés par la fraternité de ces enfants, qui s’entraident et prennent soin les uns des autres, notamment entre frères et soeurs. Leurs histoires ne sont pas communes et pas faciles, et bien sûr qu’elles laisseront des vulnérabilités, mais quand on les voit dans leur vie à l’internat, on a surtout l’impression d’une grande colocation entre enfants ! A plusieurs reprises, en les observant, je ne pouvais pas m’empêcher de penser aux enfants perdus de Peter Pan.

Et puis, notre expérience de l’internat a aussi été rendu super grâce à Ronan et Tristan, les deux autres volontaires. C’est un luxe de pouvoir parler français avec eux au quotidien et de passer de bons moments. On est vraiment heureux d’être tombés sur eux et on espère se recroiser en France !



La fin de notre volontariat est déjà là, cela aura duré plus un mois et demi pour Elise et un mois pour Thibault mais qu’est ce que ça passe vite ! 

Notre séjour se termine sur une cérémonie d’Adieu digne de ministres à l’école de Shanti Kunja : colliers de fleurs, dessins et discours. C’est émouvant de laisser tous ces enfants derrière nous après avoir passer du temps ensemble. Le lendemain on dit également un au revoir aux enfants de l’internat pour rejoindre Katmandou. 

Lorsque l’on a organisé ce voyage, on pensait déjà à participer à un volontariat au Népal mais loin de nous l’idée de rejoindre une école. Nous craignions de faire face à des « faux projets » (triste réalité des pays en développement où l’on trouve parfois du business humanitaire où la quête d’argent anime plus que la volonté de bien commun et de solidarité). Mais nous avons fait confiance à Pramod, le porteur de projet et n’avons pas été décus. Pas de business humanitaire ici, le projet est sincère et nécessaire et y prendre part nous a permit de rendre notre voyage au Népal inoubliable. 

On est heureux d’avoir pu participer à ces beaux projets et on part avec de beaux souvenirs dans nos sacs à dos !