Ca y est, il est temps pour nous de quitter le Népal et de se diriger vers notre prochaine destination : l’Inde ! Mais entre Pokhara et la frontière indienne, on prend quand même notre temps pour quitter ce beau pays qui nous aura accueilli durant 3 mois et demi. Pour ne pas partir trop vite, on s’est dit que c’était une bonne idée de quitter le Népal en auto-stop. On vous raconte donc ces derniers jours à barouder en direction de la frontière indienne.


Déjà, quitter Pokhara n’a pas été facile. C’est une ville importante alors s’en aller en auto-stop n’est pas la meilleure idée. Dans les grandes villes, la majorité des gens qui se déplacent en voiture ne s’éloignent pas vraiment, ils font de petit trajets quotidiens. Ca ne nous aide donc pas beaucoup, puisqu’on cherche la perle rare qui nous fera parcourir une centaine de kilomètres avant la fin de journée, et ce à travers des zones montagneuses où ça slalome fort. Après plus d’une heure de marche sous une chaleur écrasante, on se positionne à la sortie de la ville. C’est une longue attente qui débute, car après 1h30 en plein cagnard nous n’avons pas trouvé notre pilote du jour. Par contre on a eu le temps de voir passer un grand nombre de jeeps et des bus, la plupart pleins à craquer. Ce sont les modes de transport privilégiés ici, et les népalais qu’on voit passer doivent bien se demander pourquoi on s’inflige cette attente car il nous suffirait de lever la main pour les faire s’arrêter, les arrêts de bus n’existant pas ici. Parmi ceux qu’on tente d’arrêter, beaucoup ne comprennent pas nos gestes puisque le stop n’est pas forcément répandue (du moins ça dépend des régions) ; ce qui donne lieu à des scènes comiques où des conducteurs se mettent à faire des gestes incompréhensibles pour nous en voyant nos gestes qui doivent l’être pour eux ! Vive la communication inter-culturelle !


Mais, alors qu’on s’apprête à abandonner pour grimper dans l’un de ces bus fous, un énorme 4x4 noir s’arrête et un grand indien avec des lunettes noires nous indique de monter à l’arrière. Notre sauveur du jour ! Il ne voyage pas seul puisqu’il est accompagné de 2 amis, d’un photographe et d’un jeune homme qui semble être embauché pour rendre toute sorte de service. Ils étaient en vacances à Pokhara et ils rentrent en direction de l’Inde.

L’ambiance à bord est un peu particulière puisqu’ils parlent à peine quelques mots d’anglais, la communication est donc quasiment impossible. On essaie quand même de poser quelques questions, d’expliquer un peu d’où on vient et où on va mais on on est un peu limités. C’est pas très grave, ce voyage nous a appris à supporter la gêne alors on profite de la musique indienne, on échange des sourires et on profite du paysage. C’est un sacré personnage qui nous a pris en stop ! On sent qu’il cherche un peu à nous impressionner mais ce n’est pas malsain pour autant. Lorsqu’on fait des pauses, il tient à nous inviter en nous offrant le thé ou le café. Il refuse qu’on paie quoi que ce soit. Et chaque pause se transforme aussi en une occasion de faire un shooting photo à nos côtés, qui tourne un peu au comique et au kéké puisqu’on se retrouve même à poser devant sa grosse voiture ! On vous les partage ça, c’est quand même un moment fun et improbable :



Grâce à notre ami et à sa voiture de compétition, nous atteignons en fin de journée la jolie ville de Tansen. Nous avons parcouru plus de 120km, ça semble peu mais n’oubliez pas qu’on parle des routes népalaises, il nous a donc fallu plus de 4h pour ça. On voulait ne faire qu’une étape courte mais cette petite ville posée à flanc de colline offre de belles ruelles escarpées et calmes, et puis nous sommes installés dans une jolie chambre au dernier étage d’une petite auberge. Alors on prolonge d’une nuit pour avoir une vraie journée de libre et découvrir cet endroit dans lequel on se sent bien.

Le couple d’hôteliers est aussi très sympa, ce qui participe au fait qu’on se sente bien. Ils ont une soixantaine d’années et nous parlent de leurs enfants : l’un des fils est aux USA, tandis que l’autre est en Australie ; et leur petite dernière fait ses études à Katmandou avant probablement d’embarquer pour l’étranger elle aussi. Belle illustration du fait que l’expatriation séduit les jeunes népalais ! Il y a de la fierté dans ses propos, mais la distance ne doit pas être toujours évidente à gérer depuis cette petite ville du Népal.



Deux jours plus tard, il est temps de repartir de Tansen - toujours en direction du Sud et de l’Inde - nous sommes à nouveau en quête d’un conducteur sympathique qui va nous accepter ! Et cette fois la chance nous sourit bien plus vite. Après 2 minutes d’attente, un énorme camion s’arrête à côté de nous. On ne voit même pas le conducteur, perché 2 mètres plus haut. Après un peu d’escalade, on baragouine quelques mots sur notre destination et on tombe d’accord. C’est avec ce camion de marchandises et son adorable chauffeur qu’on quitte dans les heures qui suivent les dernières montagnes du Népal pour rejoindre progressivement les plaines immenses du TéraÎ au sud du Népal. Adieu l’Himalaya, adieu les routes de l’extrême sur lesquelles nous avons ri devant certaines absurdités et presque pleuré de peur devant certains ravins. Et après quelques heures, nous voilà à Lumbini, notre destination pour deux jours. 


Lumbini se situe quasiment à la frontière indienne, ce qui nous arrange bien. Mais cette ville est avant tout connue pour être le lieu qui a vu naître Siddhartha Gautama, un prince plus connu sous le nom de… Bouddha ! Le Bouddha est donc né ici il y a environ 2500 ans. Aujourd’hui, l’emplacement identifié comme celui de sa naissance est devenu un lieu de pèlerinage important pour les bouddhistes et un lieu de visite pour les voyageurs curieux. On vous laisse deviner à quelle catégorie nous appartenons… Autour de cet emplacement, on trouve une immense zone rectangulaire de 5 km carrés dans laquelle les pays du monde ayant une communauté bouddhiste peuvent construire un temple. Le principe est plutôt sympathique, le résultat architectural est plutôt surprenant et hétérogène. La zone étant très vaste, de grandes parties sont encore vides et inoccupées, certaines routes sont encore en construction, ce qui donne au lieu un aspect assez fantomatique quand on s’y promène. On visite plusieurs temples, mais la chaleur nous écrase, on finit pas se terrer dans notre chambre d’hôtel. Notre impression de Lumbini est donc un peu mitigé, la charge symbolique du lieu le rend évidemment important, mais ce principe de construction libre accordé à chaque pays pourrait rapidement transformer ces 5km carrés en une sorte de DisneyLand du Bouddhisme. 


Dans les campagnes environnantes du Téraï, on remarque que les visages et les comportements des personnes ont changé. On ne sait pas encore ce qui nous attend en Inde, mais on peut sentir que l’influence du voisin indien est bien présente, car à Lumbini on ne se sent déjà plus vraiment au Népal. 



Après cette visite un peu mystique, il est temps de passer la frontière et de dire au revoir au Népal avec un pincement au coeur. Nous passons la frontière au niveau de la ville de Sonauli. Les zones frontalières sont souvent assez inhospitalières et chaotiques, celle-ci n’échappe pas à la règle. Une très large route poussiéreuse, des camions de marchandises décrépis qui stationnent dans tous les sens, quelques militaires qui s’ennuient et beaucoup de personnes qui zonent, voilà pour le tableau général.

Cela devient comique au moment où nous devons effectivement passer la frontière à pied : nous avançons jusqu’à tomber sur des militaires qui nous indiquent que nous avons déjà dépasser le bureau népalais. On rebrousse donc chemin sur 500m pour pouvoir obtenir notre tampon de sortie, sésame qui permet ensuite d’entrer en Inde. Puis rebelote, nous repassons devant les mêmes militaires. Et un peu plus loin, on passe sans faire attention devant le contrôle de sécurité sans s’arrêter. Deux soldats indiens s’approchent, on s’apprête à se faire engueuler mais ils veulent savoir d’où l’on vient, leur réaction est alors assez drôle : « French, oh d’accord vous pouvez passer ! ». Ah… Il faut croire qu’on ne peut pas être français et dangereux, en même temps on allait pas insister pour se faire fouiller mais quand même. Vive la France ! 


Après ce passage de frontière cocasse et approximatif où il faut presque demander pour se faire tamponner son passeport, nous voilà dans la prochaine destination de ce beau périple, j’ai nommé… l’Inde ! 

Ce passage de frontière marque aussi le début de notre retour vers la France ! Un retour qu’on prévoit pour la mi-juin.