Nous voici maintenant à Chengdu, c’est encore une TRES grande ville chinoise puisqu’il y a ici environ 26 millions d’habitants, l’équivalent d’un tiers de la population française… Mais malgré cette taille, Chengdu est réputée pour être l’une des villes de Chine où l’on vit le mieux ! Et en effet, on découvre une ville à l’ambiance détendue et plutôt conviviale dès notre arrivée. On se balade dans des rues bordées d’arbres, sous lesquels s’épanouissent de petites terrasses où les chinois jouent à des jeux de société entre amis tout en buvant du thé. La vie semble un peu plus lente qu’à Beijing ou à Xi’an, et cela semble être un gain de confort.



Pour notre séjour à Chengdu, on utilise encore Couchsurfing, cette plateforme super pratique qui permet de trouver des hôtes gratuitement et de faire de chouettes rencontres. On est donc heureux de rencontrer Josh et John. Ce couple vit au coeur de Chengdu avec leur petit garçon, Johnson. Le lendemain de notre arrivée, nous faisons une balade à vélo ensemble, et c’est l’occasion de mieux comprendre la culture chinoise en discutant. On est assez surpris du mode de vie de nos hôtes, en effet, depuis que leur fils est né ils ont tous les deux quitté leur travail pour se consacrer pleinement à son éducation. John donne des cours d’anglais le soir à des enfants, ce qui permet quand même de faire bouillir la marmite. Ils sont une belle illustration de ce dévouement des parents chinois envers leur enfant dont on nous avait déjà parlé précédemment. On est quand même un peu sceptique sur cette méthode qui consiste à ne plus avoir de vie pour se focaliser sur le devenir du marmot, qui a intérêt à devenir quelqu’un pour honorer le sacrifice parental ! Peut-être que c’est assez français, mais on se dit que parfois il vaut mieux être un peu égoïste et être un exemple de personne épanouie plutôt que de devenir un coach personnel pour enfant 24h/24h. Bref, on est un peu vache, mais si vous pouviez constater vous-même le niveau de sacrifice dont on parle vous comprendriez pourquoi on est rude.



Dans cet appartement, Elise est enchantée de retrouver son animal préféré : le chat ! L’allergie est un truc qui ne vous quitte pas, c’est vraiment très fidèle et ça vous suit n’importe où dans le monde. Elle est donc ravie de pouvoir se moucher en regardant ces grosses bêtes lui tourner autour avec desédain ; voire même, comble de la provocation, tenter de se frotter sur ses mollets. Elise ne se laisse pas faire, on ne mesure pas toute la puissance pédagogique qu’il peut y avoir dans un petit coup de pied bien donné, l’animal apprend alors ce que veut dire « être allergique ». Miaou… Heureusement que Brigitte Bardot ne lit pas notre TravelMaps…


On profite de notre séjour à Chengdu pour visiter le musée du Sichuan, ainsi que le musée de la ville qui nous permettent de comprendre l’histoire de la région mais surtout de profiter de magnifiques objets d’art. On vous en partage quelques-uns ici, ça vaut le coup :



Nous passons aussi une soirée à l’opéra du Sichuan. D’après la plupart des guides et sites internet, c’est un incontournable, alors en bons touristes nous courrons prendre des places ! Le résultat est un peu mitigé, nous ne savons pas vraiment quoi en penser. Nous nous attendions à une oeuvre ayant une continuité, avec de la musique et des personnages. En réalité, c’est un enchainement de petits shows n’ayant pas de liens entre eux. La prestation scénique qui attire le plus et qui fait la réputation de cet opéra est tout de même impressionnante, il s’agit pour des acteurs de changer de masques tellement rapidement qu’il est impossible de distinguer le procédé… On a quelques théories sur le mécanisme, mais on ne va pas briser la magie, c’est magique et puis c’est tout ! Notre partie préférée était moins prétentieuse, pas de magie en vue, il s’agissait simplement d’une démonstration d’ombres chinoises. C’était vraiment poétique et impressionnant, voici quelques images pour que vous vous fassiez une idée :



On passe aussi un beau moment à flâner dans le people’s park de Chengdu (littéralement « parc du peuple », un nom pas à moitié communiste). Et c’est beau de voir s’y déployer la culture chinoise : les personnes viennent pour chanter, y danser en groupe ou en couple, certains font de la gymnastique. On est touchés par toutes ces personnes âgées qui se retrouve pour partager ensemble une passion ou un passe-temps. Chaque groupe semble évoluer dans une bulle où seule existe son activité, ne portant aucun intérêt aux regards des autres ou des passants. Cette manière de pratiquer des activités est très commune et développée pour les chinois. Pour le coup, les français auraient à apprendre des chinois sur ce point. Les difficultés et l’isolement auxquels nombre de français âgés font face sembleraient probablement étrange pour un vieux chinois, qui répondrait : « Mais pourquoi n’allez-vous pas juste dans le parc le plus proche de chez vous ? ».

On croise aussi dans ce fameux parc une installation qui attire notre attention et qui nous amuse beaucoup quand on comprend ce que c’est : des feuilles A4 sont suspendues les unes à côté des autres, comme on pourrait le voir dans une vitrine d’agence immobilière. Devant elles, des couples de soixantenaires évoluent lentement, les montrant du doigt et prenant le temps de les analyser voire d’en débattre. Quand on comprend, on est sur le cul : chaque annonce présente un prétendant à l’amour, exactement comme une application de rencontre mais dans la « vraie vie ». Les descriptions sont vraiment drôles et mettent en avant des détails physiques et économiques très factuels. On vous retranscrit un exemple d’annonce : « Homme né en 1993, 1m78, ingénieur, j’ai une maison et une voiture. Je recherche une femme entre 1m60 et 1m72, pour fonder une famille sérieuse ». La majorité des prétendants sont nés au début des années 90, il serait temps de se marier pour ces trentenaires s’ils ne veulent pas finir vieux garçons / vieilles filles… Les parents chinois angoissent quand leur enfant n’est pas casé à l’approche des 25 ans ! Le problème est que la politique de l’enfant unique a créé un déséquilibre et qu’il y a trop de garçons. Une partie d’entre eux est donc en difficulté pour trouver l’amour…



Impossible de quitter Chengdu sans visiter l’une des attractions pour laquelle les chinois font eux-mêmes des milliers de kilomètres : le centre de recherche sur les pandas. Il s’agit d’un parc gigantesque situé au nord de la ville. Son but est la préservation et la reproduction des pandas géants et des pandas roux. On découvre donc ces animaux impressionnants et un peu patauds qui engloutissent des kilos de bambou sans discontinuer. A vrai dire, certains visiteurs nous amusent autant que les pandas. Beaucoup de chinois viennent découvrir les pandas… déguisés en panda évidemment ! D’autres courent entre chaque enclos pour tenter d’apercevoir l’animal fétiche ! C’est donc plutôt marrant, mais on considère quand même la chance que nous avons de visiter l’endroit en basse saison ; car pour une froide journée d’hiver, c’est quand même très fréquenté. Le panda géant est extrêmement important pour les chinois et il a même été utilisé comme instrument diplomatique. En effet, la Chine a eu dans le passé pour habitude d’offrir des pandas géants en cadeau afin de sceller des relations diplomatiques ou de les améliorer. Aujourd’hui, cette pratique a laissé sa place à une méthode un peu plus lucrative : la location longue durée de panda à des zoos, en échange en quelques millions de dollars par animal et par an.



Et puis, comme souvent, le hasard nous amène de belles rencontres. On cherchait simplement un lieu pour boire un café (ce qui n’est pas simple en Chine puisqu’ils en boivent assez peu) et puis le serveur s’est assis pour bavarder avec nous. Quelques instants plus tard, il nous présentait sa collection d’instruments de musique faits à la main et Thibault jouait de la musique avec lui. On aime ces rencontres simples avec des personnes qu’on ne reverra pas mais qui nous offrent généreusement un aperçu de leur vie, d’une passion, de leur culture.


Sur les conseils de nos hôtes, on va profiter du buffet végétarien de temple Wenshu, au coeur de Chengdu. On arrive juste à temps avant la fermeture (les chinois déjeunent tôt et vite) et c’est un vrai festin : nouilles aux légumes, riz sauté et d’autres bonnes choses, accompagné de thé sucré. La cuisine chinoise est un véritable bonheur, notamment après la Mongolie qui nous rendait un peu triste côté papilles. Seul bémol : il ne faut jamais oublier de traduire au cuisinier « sans piment », et surtout dans la région du Sichuan, sous peine de tomber dans un état second fait de transpirations, de rougeurs et hoquets. Thibault semble être hypersensible au piquant, râlant de douleur devant des plats qui sont censés ne pas en contenir… On compte sur l’entraînement pour faire disparaître cette fragilité…


Un après-midi, notre hôte nous propose de nous faire visiter son club d’arts martiaux. On le suit avec curiosité et on découvre un lieu atypique, dans la cave d’une résidence calme. Les murs sont couverts de sabres, d’épées, et autres instruments de torture qu’on découvre comme des enfants dans un magasin de jouet. On a la chance d’avoir quelques explications historiques et des démonstrations. Thibault se laisse tenter par une initiation au combat à l’épée. Il faut avouer que c’est vraiment pas facile, le plus dur n’étant pas d’attaquer mais de contrer les coups adverses... Notre hôte nous montre aussi une autre de ses passions, la lion dance (danse du lion), qui est très répandue dans les événements festifs chinois. Mais on apprend aussi que les couleurs des lion peuvent correspondre à des événements particuliers. Par exemple, un lion blanc est utilisé pour les enterrements de personnalités importantes.



De notre côté, on est toujours en forme, même si Thibault a du affronter ces derniers jours une vilaine angine et de la toux. C’est étrange de voir notre destination finale se rapprocher à grands pas, car il n’y a plus qu’une grosse semaine de voyage entre nous et Katmandou ! Nous remontons à bord d’un train après une bonne semaine, et par n’importe lequel, le plus haut du monde : direction le Tibet !! On a du mal à y croire tellement ça parait fou, stay tuned…