Nous arrivons à la Gare de Sainshand au beau milieu du désert de Gobi à 7 heures. Il fait -20 degrés dehors, nous sommes ravis…

Après une bonne nuit de sommeil, nous avons un peu de mal à quitter nos couchettes pour affronter le grand froid. Mais pas de temps à perdre car nous restons seulement pour la journée dans cette ville et reprenons un autre train le soir même.




Nous avons décidé de faire une brève étape ici pour avoir un aperçu de ce fameux désert de Gobi mais aussi pour visiter un temple et un lieu qui serait un « centre énergétique » très célèbre auprès des mongoles qui viennent s’y ressourcer.


Après un affreux petit déjeuner dans le seul restaurant ouvert à cette heure-là, nous levons le pouce et essayons de trouver une voiture pour nous emmener sur le site que nous souhaitons visiter. 10min plus tard nous voilà en route avec un couple très sympa. L’auto-stop à tout de même une particularité en Mongolie, c’est très répandu et utilisé par tout un chacun mais c’est payant. Tout conducteur peut donc s’improviser taxi avec les auto-stoppeurs. Fixer le prix dès le début est essentiel pour éviter les surprises… surtout qu’avec nos têtes, ils ont tendance à nous prendre pour des américains en fixant des prix exorbitants… Ils tentent leur chance les malins !


Nous arrivons devant le temple de Khariin Khiid, perdu au milieu du désert de Gobi. Ce temple a été construit au 19e siècle, avant d’être détruit dans les années 30 puis reconstruit. Il s’agit d’un ensemble de jolis bâtiments, un peu kitsch mais c’est souvent le cas avec les temples bouddhistes ! Une communauté de 20 moines vivent ici. Par chance, nous rencontrons l’un d’entre eux a l’intérieur avec qui nous discutons.



Après quelques échanges et explications sur le bouddhisme, il nous dit de nous asseoir le temps qu’il finisse de réciter le mantra journalier. Il souhaite ensuite nous faire découvrir les environs. On passe avec lui un moment extraordinaire. Il nous fait visiter des grottes de méditation à proximité, et notamment sa propre grotte, dans laquelle il vient méditer toutes les semaines dans la nuit du dimanche au lundi quand la saison le permet.

En observant ces grottes qui font face au désert de Gobi on comprend que le lieu rende méditatif à lui seul. On pense à ces hommes qui passent ici des nuits silencieuses à méditer sans nourriture et sans avoir le droit de sommeiller, tentant seulement de faire le vide dans leur esprit. Dit comme ça, on ne sait pas si on doit les envier ou les plaindre. Mais la sérénité de notre nouvel ami laisse penser que ces exercices sont efficaces.


Il nous emmène ensuite vers « Shambala », lieu isolé dans le désert qui aurait une énergie magnétique différente et qui permettrait de récupérer de l’énergie. Nous sommes un peu sceptiques sur l’efficacité de la cure, mais on suit quand même attentivement les conseils du moine dans les différentes étapes du rituel à respecter. Un boost d’énergie ne serait pas de refus après une nuit un peu courte en train de nuit, alors on ne sait jamais, autant être attentifs !

Les étapes sont méthodiques, et nous les exécutons dans un froid glacial : réciter un mantra, contourner des cercles de pierres symbolisant le passé le présent et le futur, arroser d’eau des pots (déjà totalement remplis de glace suite aux précédents passages), puis s’asseoir en tailleur a même le sol pour sentir l’énergie. Notre ami guide notre respiration avant de nous inviter au silence pour quelques minutes, nous sommes tous les trois côte à côte, assis au beau milieu du desert. Les seuls bruits restant sont ceux de nos respirations, des chèvres qui nous tournent autour et des quelques oiseaux qui s’amusent à se poser sur leur dos. Énergie ésotérique ou pas, le moment est simple et magique ! On repart heureux vers Sainshand, après avoir déjeuné chez notre chauffeur.


Notre train est à 2h du matin, il fait très froid alors on se réfugie dans un café en arrivant en ville. On se demande alors ce qu’on va faire et où on va aller quand soudain un petit miracle se présente. Le petit miracle, c’est Munu, une femme qui s’avance vers nous pour savoir si on va bien et si on a besoin d’aide. Parce qu’elle est la seule femme du village qui parle bien anglais et que selon elle, c’est normal de proposer de l’aide à des voyageurs. Nous nous retrouvons donc quelques minutes plus tard chez Munu, qui nous présente ses deux enfants. Elle est professeure d’anglais à Sainshand et ce soir elle donne un cours à des enfants. On se retrouve donc au beau milieu d’un cours d’anglais avec une dizaine de petits loups qui apprennent la langue de Shakespeare en chanson. Ils nous scrutent timidement, Munu nous avait prévenu avant de commencer : « certains n’ont jamais vu d’européen en vrai ». Mais avec les enfants les barrières tombent vite et les premières questions viennent : c’est quoi ta couleur préférée ? C’est quoi tes rêves ? Et si t’étais une forme tu serais quoi ? Celle-ci est franchement pas facile je vous invite à vous la poser vous-même ! Je crois que je suis carré…


Bref, après ce moment sympathique, nous retournons chez Munu pour attendre sagement notre train sur le canapé jusqu’à … une heure du matin. 


On s’installe dans le train de nuit à 2h, l’arrivée est prévue à 7h. La nuit va être courte ! Demain on se réveillera a Zamin Uud, dernière ville avant la frontière chinoise.