Aujourd’hui, et après une nuit à Zamyn Uud, nous avons passé la frontière entre la Mongolie et la Chine. On est donc extrêmement heureux parce que ce passage était notre dernière source d’inquiétude, la dernière étape qui aurait pu nous empêcher de réaliser ce grand projet : rallier Katmandou sans quitter la terre ferme !

Prudence tout de même, on ne veut pas non plus vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, mais nous sommes plutôt bien parti pour atteindre le toit du monde dans les semaines qui viennent. Comme à notre habitude, on va prendre le temps de découvrir le pays qu’on traverse, c’est donc un grand tour de la Chine qui nous attend. Ensuite, nous rejoindrons la région du Tibet où un guide nous attendra pour nous faire découvrir et traverser cette zone jusqu’à la dernière frontière de notre itinéraire.


On passe la frontière chinoise en taxi parce que depuis le covid les liaisons ferroviaires sont stoppées. Notre chauffeuse est accompagnée de sa sœur et de ses deux enfants. L’ambiance chaleureuse à bord nous fait un peu oublier le petit stress qui s’installe généralement avant un passage de frontière. Les enfants nous posent des questions intéressantes, notamment « est ce que l’école est gratuite en France ? ».


La frontière chinoise est particulièrement sécurisée comparée à ce qu’on a pu voir ailleurs. C’est impressionnant et même un peu intimidant. Des caméras à gauche, à droite, en haut en bas, c’est le paradis de la caméra. C’est aussi le premier pays qui relève nos empreintes digitales à l’entrée. Après quelques questions sur notre itinéraire et nos intentions, le garde frontière sourit à Élise : « Have a good trip ». Pour ne rien vous cacher, on était vraiment soulagés à ce moment-là. Non pas qu’on ait quelque chose à se reprocher, mais nous avons eu vent de passages de frontières chinoises plus difficiles et nous sommes contents que cela se fasse vite et avec le sourire !



Nous prenons notre premier train chinois juste derrière la frontière. Celui-ci nous mène à Hohhot, capitale de la Mongolie intérieure qui est une région chinoise. Naïvement et en bons petits français, on avait imaginé qu’une ville perdue au milieu du Nord de la Chine devait être une « ville de province », avec l’imaginaire qui va avec : taille modeste, peu peuplée mais avec un centre ville sympathique etc. On vous peint pas le tableau en détails vous l’avez. La suite est simple, cet imaginaire gentillet s’est pris en pleine face une « ville de province chinoise ». Tout se joue en un mot, « chinoise », mais ça change tout : 3 millions d’habitants, des buildings recouverts de leds qui vous éclate la rétine la nuit, des avenues larges de 10 voies de circulation, un réseau de métros… Bienvenue dans un pays de 1,4 milliard d’habitants !


Nous avons le droit à quelques péripéties à notre arrivée, l’hôtel qu’on a réservé n’a en réalité pas l’autorisation gouvernementale qui permet d’accueillir des étrangers. Les malins essaient malgré tout de nous faire payer la nuit (qu’il nous invite a passer ailleurs) ce qu’on refuse poliment bien entendu.

Tout est bien qui finit bien, on se retrouve dans un hôtel gigantesque mais très confortable quelques rues plus loin. La réceptionniste ne parle pas un mot d’anglais, ce qui est très pratique, mais nous arrivons à nos fins. Après cette journée de transport fatigante, on tente de se réconforter dans un petit restaurant au pied du l’hôtel. L’occasion de découvrir que la communication avec les chinois va être difficile, on parvient difficilement à commander en montrant des photos de plats sur les murs. Les photos étant floues, on commande à l’aveugle des plats dont on ne comprend pas la teneur. On a donc la joie de se retrouver avec des friands dont la garniture nous restera à jamais inconnue : située à mi-chemin entre le solide et le liquide, entre le poisson et le fromage frais, le salé et le sucré. Bref, inconnu de nos papilles. On frôle une deuxième catastrophe avec l’autre plat, qui se révèle être une assiette de foie. Mais le miracle des épices opère, et Thibault - qui déteste le foie ! - se fait progressivement à ce plat…



On s’étale dans la chambre qui est certainement la plus confortable qu’on ait eu au cours de ce voyage. Demain matin, départ à Beijing. Bonne nuit les amis.