Istanbul est un chaos dans lequel on se laisse porter avec joie en ouvrant bien grand les yeux, une sorte de fourmilière aux rues étroites et désorganisées, aux bâtiments et aux routes souvent cabossés. Istanbul est un mariage géographique, celui de l’Europe et de l’Asie, qui s’observent tranquillement d’une rive à l’autre du Bosphore. 

Les Stanbouliotes semblent ne pas se préoccuper de ce mariage. Sont-ils européens ? Sont-ils asiatiques ? Leur population est tellement diverse qu’il est difficile de deviner où vont leur cœur et leurs aspirations. Finalement, on s’en fiche, ce qui compte vraiment, c’est l’intensité de la vie ici. S’en est exaltant et fatiguant, mais on ne s’en lasse pas !


Nous sommes restés 1 semaine à Istanbul, dans un appartement situé dans l’enceinte du palais de France, un lieu magnifique où loge l’ambassadeur. Cela a été possible grâce à la paroisse situé dans l’enceinte du palais. On leur est très reconnaissant pour cet accueil chaleureux ! C’est aussi sympathique de rencontrer des français et donc d’échanger plus simplement, en évitant Google traduction… On a notamment sympathisé avec les policiers chargés de surveiller l’ambassade et le palais de France. Résultat de cette rencontre : une soirée bien arrosée dans un bar irlandais qui diffusait le rugby, avec 4 d’entre eux. Quand on regarde l’heure pour la première fois, il est déjà 3h30, le joyeux traquenard…



Nos déambulations à travers Istanbul nous ont permis de visiter beaucoup de mosquées, et c’était absolument splendide. Déjà il faut dire que les proportions ne sont pas des moindres. Au fil des siècles, chaque sultan a voulu construire plus grand et plus beau que son prédécesseur. Cette volonté de marquer l’histoire en ayant la plus grosse est relativement répandue, mais lorsqu’il s’agit de sultans ottomans, les fruits en valent vraiment le détour. Pour l’anecdote, le sultan Mehmet II a coupé la tête de son architecte lorsqu’il s’est rendu compte que le dôme de sa mosquée ne dépassait pas celui de Sainte-Sophie une fois terminée. Ça fait chère l’erreur de calcul, mais au moins il n’a pas du recommencer…

Les mosquées offrent de grands espaces que l’on parcourt librement, notamment parce qu’aucun objet n’entrave la circulation. L’épaisse moquette recouvre la totalité du sol, on s’y déplace après avoir laissé ses chaussures à l’entrée. La représentation n’étant pas tolérée par l’islam, on ne trouve aucun tableaux ni sculptures. La créativité s’est exprimée dans ces lieux par des chemins détournés : l’architecture déjà, la décoration ensuite, et puis bien sûr la calligraphie, art fondamentale dans la culture islamique.

Le résultat général : des espaces épurés et lumineux, accueillants et même reposant puisqu’il n’est pas rare de voir des hommes faire la sieste sur les épaisses moquettes des mosquées. 



Dans le quartier historique, nous avons parcouru le grand bazar, un lieu où l’on trouve absolument tout, et où chaque chose doit être négociée ! Cela tourne au jeu de dupes, les prix n’étant pas affichés, la tête du client prime pour définir le premier prix annoncé, en général après une question faussement naïve : where do you come from guys ? Dans ma paranoïa (pour ne pas dire ma pingrerie) je ne peux m’empêcher d’imaginer une seconde que le commerçant turc apprend les revenus moyens par habitant et par pays afin de donner son prix.

On vous laisse vous mettre quelques secondes à la place du commerçant turc, voyant Élise et Thibault arriver, incarnations touristiques parfaites : sandalettes, lunettes de soleil, appareil photo autour du cou… Bref, le pigeon comme on l’aime !

Mais ça, c’était sans compter sur les talents de négociations d’Elise, qui arrive avec le sourire à faire baisser les prix, encore et encore jusqu’à entendre de la part d’un vendeur de tapis : « You kill me !». C’est un jeu bon enfant et on est fair-play, on est repartis avec le tapis sous le bras.

Un peu plus d’entraînement sera nécessaire du côté de Thibault, qui a réussi à se faire sortir d’une boutique, après avoir proposé un prix ridiculement bas pour un plateau d’échecs… 

Au-delà de nos épopées commerciales, le grand bazar c’est aussi des couleurs époustouflantes, celles des tapis, des épices, des tissus ; mais aussi des odeurs : du narguilé aux épices, en passant par le doner kebab et la cigarette, toujours coincé entre les lèvres des marchands qui passent plus de temps devant leur boutique que dedans.



Traverser Istanbul, c’est aussi traverser l’histoire sur des siècles. Byzance puis Constantinople, et enfin Istanbul ; peu de villes ont changé de nom trois fois et donc de propriétaires, d’abord Grec puis Romain et enfin Ottoman. La ville a toujours été convoité pour son positionnement stratégique, à la fois entre deux mers et entre deux continents, il y a de quoi faire des envieux !



Réalité plus actuelle et difficile, Istanbul vit aujourd’hui sous l’épée de Damoclès d’un nouveau séisme de grande ampleur. Ce séisme devrait se produire d’ici à 2030. La peur de cette menace a évidemment été ravivé par les deux séismes de février 2023 dans le Sud du pays. L’attente difficile de l’inéluctable pousse certains habitants à quitter la ville, d’autres se contentent de vendre leurs biens pour se déplacer dans des zones non inondables ; séisme rimant avec tsunami dans ces zones côtières. De toute évidence, au vu de l’état des bâtiments, la ville est sous préparée à cet événement. 


Vous l’aurez compris, on a adoré cette ville, on en a pris plein les yeux ! C’était aussi reposant pour nous de pouvoir poser nos sacs pendant une semaine au même endroit, et le plus important : on va tous les deux très bien et on est toujours très motivés pour la suite du périple ! 



Et pour finir, quelques photos de lieux visités :


  • Le palais de Topkapi, qui fut la résidence des sultans ottomans. C'est un peu le Versailles Turc, et c'est absolument magnifique !


  • Le musée Koç, un musée des évolutions industrielles qui rassemble une quantité d'objets folle (voitures, objets ménagers, trains, avions... tout y est) permettant de se figurer les évolutions aux fil du temps et des découvertes scientifiques. Un sujet sérieux, qui réclame une visite sérieuse, comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous :