Depuis le petit village de Dhunche perché dans les montagnes himalayenne, nous reprenons la route pour rejoindre Katmandou ! Et cette fois pas question de monter dans un bus, nous sommes encore terrifiés par notre expérience de la veille. La chance nous a souri, nous avons croisé dans ce village un chauffeur de 4x4 qui va pouvoir nous emmener. Et en effet, une fois sur la route, l’expérience est bien plus agréable en 4x4, on s’évite ainsi les vertiges, les sueurs froides et les moments de panique ressentis dans le bus de la veille. Les routes sont toujours aussi défoncées et les précipices sont toujours présents, mais on avance doucement avec un chauffeur prudent. Et après 4h de slalom, nous dépassons enfin le dernier col à franchir et c’est Katmandou qui apparaît, face à nous dans la vallée. Avec cette vue aérienne, il est flagrant de constater que la ville est plongée sous un voile épais de pollution. Mais nous sommes trop heureux et curieux d’arriver ici, alors notre attention se focalise sur les personnes de plus en plus nombreuses dans les rues au fur et à mesure qu’on se rapproche du centre, l’état des routes qui pour certaines sont encore en terre, la circulation qui est infernale. Il n’y a pas vraiment de code de la route au Népal, alors c’est la loi du plus fort, les bus s’impose à grand coup de klaxonne, puis les voitures, et enfin des ribambelles de motos et de scooters qui slaloment dans tous les sens. Le piéton dans tout ça ? Un aléas. On lui souhaite juste de se pousser à temps quand il se fait foncer dessus, ce qui arrive 10 fois par jour. Mais nous avons du temps pour nous adapter à ce bazar et y prendre nos marques, l’essentiel est qu’on est arrivé à Katmandou ! Nous avons réussi à rejoindre la capitale népalaise depuis Paris, et sans monter dans aucun avion ! Alors on est pas peu fiers à notre arrivée, on profite de cette belle victoire tout en découvrant notre nouveau chez-nous pour les prochains mois !


Nous nous installons dans l’hôtel Yala Peak, un petit hôtel du quartier de Thamel, qui est le plus animé et touristique de Katmandou. On y prend vite nos marques et il devient un petit havre de paix (au fond d’une impasse) au milieu de l’océan de chaos qu’est Katmandou. Un chaos qui n’empêche pas les locaux de faire preuve de la plus grande décontraction. La plupart des népalais qu’on croise, qu’ils soient au travail, en famille ou en train de se promener, semblent sereins et calmes. Et ce malgré la pollution, le bruit voire le vacarme de certains quartiers, et les conditions de vie qui peuvent être difficiles. Le Népal fait partie des 10 pays les plus pauvres du monde. Nous restons 3 mois dans ce beau pays, alors nous allons avoir le temps de nous renseigner et de vous partager beaucoup d’informations sur les népalais et leur pays haut perché dans l’Himalaya.

Comme à chaque fois qu’on entre dans un nouveau pays, c’est un univers qui s’offre à nous et qu’il faut décortiquer, à la fois religieux, économique et social, géographique. Alors à chaque fois c’est beaucoup d’apprentissage ! Au début, on fait avec ce qu’on a, c’est-à-dire quelques connaissances, et puis nos clichés et nos stéréotypes. Ensuite, doucement mais sûrement, ces connaissances primaires laissent la place à celles que l’on prend le temps de construire sur des fondations plus solides. Certaines vérités se constatent, s’observent ou se devinent, au fil de nos flâneries et de nos rencontres. Et puis parfois il faut creuser un peu plus fort, on entre alors dans les musées et on explore quelques guides ou sites internet. Bref, on va en avoir des choses à dire sur le Népal !


Nous sommes arrivés à Katmandou le 30 décembre, et le soir même on retrouvait dans un bar de Thamel l’ensemble du groupe avec lequel nous avons traversé le Tibet, une soirée qui a duré longtemps et qui nous a permis de bien profiter une dernière fois du groupe des portugais et de Ching de Singapore. Le lendemain, on passe le nouvel an avec Margaret et Mike, qui font partie de cette fameuse traversée tibétaine ! Les népalais ont beau avoir leur propre calendrier avec un nouvel an différent (si on se réfère au calendrier népalais, nous sommes déjà en 2080, les népalais vivent donc dans le futur) cela ne les empêche pas d’envahir les rues du centre ville pour fêter le nouvel an international ! L’ambiance est bonne, les concerts résonnent depuis les toit-terrasses des bars du centre-ville, les bars sont plein à craquer, et nous sommes heureux de pouvoir fêter ça en buvant quelques bières avec Margaret et Mike. On les reverra d’ailleurs trois jours plus tard, le 3 janvier, pour repasser un dernier moment ensemble avant qu’ils ne décollent de Katmandou le lendemain.


Pour nos premiers jours à Katmandou, on visite des lieux emblématiques de la capitale. Nous commençons par le Durbar Square, place qui regroupe des temples hindous et des palais royaux. Le lieu est splendide et très vivant. Loin d’être un sanctuaire pour touristes, les locaux viennent s’asseoir aux bords des temples pour discuter et y passer un moment. D’autres viennent y jouer de la musique en petits groupes. Les temples qu’on découvre sur cette place sont particuliers, sorte de superposition de toitures, posées sur un premier socle pyramidal. On vous laisse découvrir par vous-même sur les photos ci-dessous. On ne peut pas entrer dans ces temples, on peut seulement venir s’installer sur les énormes escaliers formés par leur socle. Ailleurs, nous découvrons aussi des temples et monastères dans lesquels il est possible d’entrer et de profiter du calme. Lorsqu’on parcourt les rues chaotiques de Katmandou, tomber au hasard sur une petite porte qui s’ouvre sur la cour intérieur d’un temple est la promesse de quelques minutes de calme avant de se jeter à nouveau dans la fourmilière. En bordure de la place se trouve aussi le musée Mahendra qui présente sobrement l’histoire népalaise, alors on en profite pour y passer un moment. L’occasion de découvrir l’histoire népalaise et notamment l’histoire de la monarchie, qui s’est terminée de manière tragique en 2001 lorsque la quasi totalité de la famille royale a été assassiné au sein même de son palais à Katmandou.

On trouve aussi un lieu curieux le long de Durbar square, un lieu qui abrite une Kumari, c’est-à-dire une déesse vivante. Tout ceci est bien réel - je ne fume pas et je ne bois pas avant d’écrire ces articles TravelMaps - et c’est même une histoire sérieuse ! Les kumaris sont des jeunes filles considérées comme des déesses vivantes au Népal. Il en existe plusieurs dans les vallée de Katmandou. Celle de Katmandou est considérée comme la plus importante de toutes. La sélection des Kumaris est difficile, les jeunes filles sont sélectionnés lorsqu’elles perdent leur première dent de lait, sur la base de 32 critères… Tous ces critères sont exclusivement physiques, par exemple : avoir les cheveux noirs, les dents blanches, avoir une langue petite et proportionnée etc… Les kumaris sont « élues » jusqu’à ce qu’elles perdent leur première goutte de sang. Comprenez : leurs premières règles. Elles doivent alors démissionner et perdent immédiatement leur statut de déesse pour revenir à la vie… civil et humaine, triste sort ! Avant 2005, ces jeunes filles étaient réputées omniscientes, et donc ne recevaient aucune éducation (on ne va pas prétendre apprendre quelque chose à un dieu !) on vous laisse imaginer leurs difficultés au moment de perdre leur statut de déesse. Heureusement, la situation a évolué grâce au témoignage d’une ancienne kumari, elles reçoivent aujourd’hui une éducation.



Un matin, on traverse une partie de la ville à pied pour aller visiter le temple de Swayambhunath, plus connu sous le nom de « Monkey temple » car on y trouve un nombre impressionnant de singes en liberté ! Nous avions aperçu quelques singes en liberté jusqu’ici, mais c’est réellement la première fois qu’on se retrouve entouré de singes ! Ils sont partout, se courent les uns après les autres, tentent de trouver de la nourriture, se battent parfois. Leur physionomie et leur regard les rapprochent tellement de l’homme qu’ils sont fascinants à observer. 

Le temple est situé au sommet d’une colline au coeur de la ville, on gravit de longs escaliers pour le rejoindre. Au sommet, on découvre un immense stupa. Les stupas sont des structures religieuses bouddhistes rendant hommage au Bouddha. Durant notre voyage, nous les avons découvert en Mongolie, puis nous en avons retrouvé beaucoup au Tibet, une terre de bouddhisme. Au Népal, nous pensions d’ailleurs que la population serait majoritairement bouddhiste, mais on se trompait lourdement puisque 80% des népalais sont hindouistes, et seulement 10% sont bouddhistes ! Mais ici, les distinctions entre religions sont plus floues du fait que certaines croyances sont partagées, un bouddhiste peut honorer le dieu hindou Shiva, tandis que Bouddha peut être considéré comme un dieu par un hindou. Ce qui fait que beaucoup de fêtes religieuses sont partagées ! Ca ne paraît pas si important ou bizarre, mais imaginez cela en France : des juifs et des musulmans qui participeraient à des messes de Noël ? Les catholiques qui iraient fêter l’Aïd ? Ca paraît absurde hein, et pourtant ça dégage quelque chose de fraternel et de plutôt marrant. Ce quelque chose existe ici au Népal. 



Nous visitons la ville de Patan, qui se situe 6 km au Sud de Katmandou. Avec l’urbanisation galopante, la seule démarcation est la rivière Bagmati, mais toute la vallée de Katmandou ne forme qu’une seule aire urbaine. Ce fut un haut lieu de l’enseignement bouddhique et on y trouve donc de nombreux temples. Des rues anciennes et authentiques qui ont des airs de labyrinthe. On vous partage ci-dessous quelques images de ce bel endroit ! 

Ce jour-là, nous sommes tout de même marqués par l’extrême pauvreté de certains quartiers qu’on traverse pour se rendre à Patan à pied. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, les personnes les plus pauvres ne se concentrent pas forcément dans des quartiers périphériques (ce qu’on peut connaître en France), elles peuvent habiter dans certains quartiers au sein de Katmandou, et notamment le long de la rivière Bagmati où l’on retrouve des bidonvilles impressionnants. Ca nous indigne plus que ça ne nous émeut, notre coeur s’est certainement un peu endurci avec ce voyage ; peut-être aussi du fait d’avoir travaillé dans le secteur social où les larmes sont rarement une option viable pour les personnes accompagnées. En traversant ces quartiers, on ne sent pas l’insécurité. Le plus dur est de devoir dire non aux enfants qui mendient, et même de devoir gronder l’un d’entre eux lorsqu’il s’agrippe à la jambe d’Elise et refuse de la laisser partir, moment particulièrement difficile et moralement pénible. Mais cela fait aussi partie du voyage, ça ne peut pas être toujours rose, il faut l’accepter !



PREMIERES IMPRESSIONS GENERALES : 


Après quelques jours ici, nos premières impressions de Katmandou nous laissent pensifs mais enthousiastes ! Nous découvrons une ville-fourmilière qui nous impressionne et qui regorge de petits lieux sympathiques sur lesquels ont tombe à force de flâneries. Nous sommes aussi confrontés à l’extrême pauvreté en traversant certains quartiers, ça nous touche bien entendu mais ça nous indigne surtout et ça donne à réfléchir. Des questions qu’on aura le temps de creuser par la suite. Katmandou est aussi polluée et sale (il y a de la poussière littéralement partout) ; les bâtiments sont hauts et serrés et les rues étroites, ce qui peut être étouffant. 

Mais… Mais malgré tout ça, on se sent bien dans cet endroit. Il y a évidemment des moments où l’on ne comprend pas, où certaines choses nous dépassent, mais globalement on se sent bien à Katmandou ! On s’interroge tout de même à certains moments sur les activités de l’état népalais. Certains problèmes, comme la gestion des déchets, ne paraissent pas infranchissables et semblent pourtant délaissés alors que les solutions seraient créatrices d’emplois et sources de bien-être pour l’ensemble de la population. Bref, on ne veut pas jeter la pierre non plus, il s’agit peut-être d’un manque de moyens et non d’un manque de volonté de la part des pouvoirs publics. 


L’envie qui domine est celle de continuer notre découverte des népalais à travers le reste du pays que nous allons parcourir dans les prochaines semaines ! On est heureux d’être là et on s’étonne tous les jours de ce qu’on voit et de ce qu’on apprend ! Maintenant on va tenter de se rendre un peu utile dans une ferme du Sud du pays qui accepte de nous accueillir. On est heureux de changer un peu d’air, parce que la pollution de Katmandou est un peu étouffante, alors un bol d’air frais à la campagne ne peut que nous faire du bien ! En avant, on est parti pour deux mois et demi de découverte dans ce beau pays !