Le passage de la frontière sino-népalaise fût plutôt rapide (il faut dire qu’il y a peu de personnes qui veulent passer par là…) il faut passer au bureau d’obtention des visas côté népalais. La scène est plutôt comique, dans une baraque défraîchie, un homme seul en sweat-shirt derrière une grille est chargé de cette mission. On a presque du mal à croire que ce bureau des visas est officiel, qu’il s’agit bien d’une institution étatique. Mais c’est bien vrai, et lorsque ce type en sweat nous demande combien de temps on souhaite rester et qu’on répond « 3 mois, 90 jours », il explose de rire et s’empresse de traduire notre réponse aux quelques népalais qui nous entourent. « Mais qu’est-ce que vous allez faire pendant 3 mois au Népal ?? ». Il semble que les népalais aient du mal à croire que leur pays puisse être une destination pour plusieurs mois, et encore moins qu’on puisse être prêt à traverser deux continents sans avions pour venir leur rendre visite. 


Après cet accueil sympathique, on trouve un bus public pouvant nous emmener à Katmandou. On est assez fier de notre trouvaille car la solution proposée par l’agence de voyage consistait à réserver un 4x4 avec chauffeur pour 60$ par personne. Mais « il n’y a pas de petites économies » comme on dit, alors on fait les rats et on embarque dans notre bus déjà bien rempli. Les népalais nous regardent avec curiosité, on escalade d’énormes sacs de nourriture pour atteindre deux places libres au fond. L’ambiance est bonne a bord de ce rafiot : la musique népalaise résonne et se mêle aux discussions des passagers. D’autres préfèrent dormir ou jouer sur leur téléphone. Alors dans un premier temps, on est optimiste et on se dit que d’ici quelques heures on atteindra Katmandou ! Mais… non. Mais alors pas du tout. Pour une raison simple et terrifiante : les routes népalaises dans cette zone de l’Himalaya. Pendant ce voyage, on a pourtant été entrainé à la dure : des dépassements dignes de Fast&Furious quand on faisait du stop avec un marseillais, puis la conduite géorgienne qui prouve à elle seule l’importance de la foi orthodoxe, notamment pendant les dépassements en virage… Bref, on pensait avoir le pire derrière nous en ce qui concerne les mésaventures routières. Mais les routes népalaises, c’est le summum. Si l’on s’en tient aux normes françaises, les népalais sont littéralement en train de faire rouler des bus de 50 places sur des sentiers de randonnée. Pas de renforts métalliques, des routes sans fondations et sans goudron, creusées à même la terre dans la montagne. Et ce qui fait le clou du spectacle : des ravins, du vide, beaucoup de vide à quelques centimètres des roues de votre bus. En tant que passager, le chemin est parfois tellement étroit qu’il devient impossible de le voir depuis la fenêtre ; s’offre alors à vous une magnifique vue d’avion sur le vide, la rivière et les rapides qui courent quelques 400 mètres plus bas. Sauf que les vues d’avion, c’est censé être depuis des avions merde ! Alors on s’agrippe au siège de devant, on essaie de regarder les sommets plutôt que le vide, on s’essaie aussi au déni en fermant le rideau. Mais ça ne tient pas. Malgré la détente apparente de nos co-passagers, nos nerfs craquent. Lorsque le bus s’arrête pour la pause déjeuner, on s’avance penauds vers le chauffeur : « We stay here, can we have our bags please… ». On est dans un village perdu on ne sait où, mais on préfère encore s’installer ici plutôt que de remonter dans ce manège infernal. La chance nous sourit après quelques minutes, puisqu’un chauffeur de 4x4 nous propose de continuer avec lui, il partira le lendemain matin donc ça nous laisse un après-midi et une nuit pour nous remettre de nos émotions et profiter de ce beau village.


  • Sur la gauche, notre bus et sur la droite les beaux paysages croisés en route


On en profite, et pour se détendre on débute notre découverte de la cuisine népalaise avec d’excellents samoussas trouvés dans un boui-boui. On flâne (notre activité la plus commune en fait) et surtout on observe les montagnes aux alentours. Les vues de l’Himalaya sont grandioses, parfois vous observez un sommet en pensant qu’au vu de sa taille c’est forcément le plus grand aux alentours, et puis, juste derrière, perçant les nuages, vous en apercevez un autre deux fois plus haut. C’est époustouflant. C’est aussi nos premières rencontres avec les népalais, avec qui nous partagerons les prochains mois. Ils se révèlent observateurs et curieux sans être intrusifs. Nos premiers contacts sont agréables. Heureusement qu'au fil de ce voyage, nous nous sommes habitué à être de plus en plus observé, parce qu’ici on l’est !

Pour la nuit, on trouve un petit hôtel familial pour 7€. Le soir vous pouvez y observer les propriétaires : 3 générations de la même famille installées devant la télé pour regarder des feuilletons mi-policier mi-romantique. Le grand-mère tricote et vend sa production qui est exposée sur le comptoir, pendant que sa petite-fille fait ses devoirs. Bref, la vie est simple ici, mais elle semble calme et plutôt heureuse.


On est fiers d’être au Népal, et notre découverte de ce pays ne fait que commencer !