Il est temps pour nous de nous lancer dans le quatrième trek de ce voyage, le circuit des Annapurna ! Après la traversée de la Slovénie et les treks en Géorgie et dans la vallée du Langtang, l’appel de la marche se fait à nouveau entendre ! L’objectif de ce trek sera de contourner par l’Est la chaine de montagnes des Annapurnas pour rejoindre le dernier jour un col situé à 5400 mètres d’altitude, point culminant de cette traversée avant d’entamer la descente. C’est donc un nouveau défi qui nous attend, déjà parce que les étapes du circuit de l’Annapurna sont plus longues que celles de nos précédents treks, mais aussi parce que 5400 mètres d'altitude rime avec inconnu pour nous. Notre dernier trek nous avait mené à 5000 mètres, non sans difficultés, et à cette altitude chaque centaine de mètres supplémentaires compte, apportant ses surprises et vous privant d’un peu plus d’oxygène. Mais la montagne et le trek, c’est avant tout du plaisir, des efforts soutenus, des moments de contemplations et des belles rencontres dans les refuges, alors on se lance avec enthousiasme dans le circuit de l’Annapurna !


Minute papillon : « Au fait, c’est quoi l’Annapurna exactement ? »

L’Annapurna est un massif de montagnes qui fait partie de l’Himalaya. Il est situé au Nord de Pokhara qui est la deuxième ville la plus importante du Népal. Ce massif comprend notamment plus de 8 sommets dépassant les 7000 mètres. Parmi eux, on trouve l’Annapurna 1, qui culmine à 8091 mètres, ce qui fait de lui le 10e plus haut sommet du monde. Ce sommet est surtout l’un des plus difficile et dangereux à gravir puisque parmi les alpinistes qui tentent l’ascension, un sur trois trouve la mort. Par comparaison, l’Everest laisse sain et sauf plus de 9 prétendants sur 10.

Pour la petite histoire, il s’agit du premier sommet de plus de 8000 mètres à avoir été gravi. Et cocorico, cet exploit a été réalisé par deux français en 1950 : Louis Lachenal et Maurice Herzog. Les deux compagnons de cordées réalise cette ascension sans masques à oxygène et dans des conditions difficiles. Louis Lachenal y perdit même ses pieds en raison du froid. Mais rassurez-vous, nous sommes trop frileux pour ce genre de tentatives et on tient à garder nos pieds, on va s’en tenir à 5400m, ce qui est déjà un beau défi pour nous deux… 

Côté étymologie, « Annapurna » signifie « mère nourricière » et lorsqu’on voit les familles de paysans profiter des eaux venues des sommets pour irriguer leurs champs, cela prend tout son sens !


Bref, ci-dessous vous trouverez un petit compte-rendu de ce trek jour après jour ! On va essayer d’être synthétique et pas chiant, même si le principe de chaque journée est le même : marcher et marcher encore, pour à chaque fois atteindre une auberge où l’on a froid, très froid, avant de se réveiller le lendemain pour recommencer ! Ca donne envie n’est-ce pas ? Aller, on vous emmène avec nous !


Day 1 - BhulBhule - Tal

Bilan : 24 km, dénivelé positif : +1200m. Altitude finale : 1680m.


Après un trajet en bus assez long et une négociation du prix assez rude avec le chauffeur - qui tenta de quadrupler le prix en voyant nos têtes d’européens, bien tenté amigo ! - nous arrivons à proximité du village de Bhulbhule, notre point de départ. Nous passons une nuit sur place dans une petite auberge accueillante et nous commençons à marcher tôt le lendemain matin ! Concernant nos nuits dans ces auberges, le principe est toujours le même : la chambre est gratuite à condition de consommer lors du dîner et du petit-déjeuner. Ca nous arrange bien pour ménager notre budget ! Par contre on se rend compte qu’on déçoit un peu nos hôtes lorsque vient le moment de payer l’addition, on est du genre à ne pas prendre de boissons puisqu’on a notre fidèle butagaz sur lequel on fait du café, et on se contente souvent des plats les moins chers. Bref, vous devez vous dire qu’on est rats par excellence ! En fait, on fait juste un peu gaffe au budget parce que dans ces refuges les prix augmentent avec l’altitude. Un plat à 200 roupies finit par en coûter 1000 à plus de 3000 mètres, mais on comprend quand on voit les matières premières transportées à dos de chevaux !

Le premier jour de trek est une bonne mise en jambes puisqu’on réalise quasiment 25 km sur la journée. On se sent bien et on avance même plus vite que prévu. Nous sommes encore bas dans la vallée alors la végétation est bien présente, des pins majoritairement, dont émane une bonne odeur qui rappelle les Landes françaises. Dans les villages qu’on traverse, l’agriculture est encore possible à cette altitude. Lorsqu’on s’approche des villages, la montagne est taillée pour permettre l’installation des cultures. Les maisons sont faites des pierres de la montagne, ce qui leur donne un certain charme. Ca nous fait plaisir de voir ces villages vivants car lors de notre précédent trek (le langtang) on s’était bien rendu compte que les villages d’altitude étaient devenus totalement dépendants des touristes et trekkers, ils n’avaient plus du tout d’activités pouvant assurer leur autonomie et ça nous avait interrogé. Ici, il y a de la vie, des activités et des enfants qui peuvent restés avec leur famille et être scolarisés (beaucoup d’enfants au Népal doivent partir assez jeunes dans les internats des grandes villes car leur village sont trop isolés).



Côté rando, c’est donc une excellente journée et c’est encourageant pour la suite, on est satisfait ! On aura quand même eu une petite frayeur au moment de traverser un certain tronçon où le chemin s’était effondré un peu avant notre passage. Une pelleteuse était en train de jouer à faire s’effondrer des morceaux de la montagne pour agrandir le chemin, mais en tant que randonneur, sentir la terre trembler sous nos pieds et voir au dessus de nos têtes des rochers de plusieurs tonnes vibrer ne nous a pas vraiment amusé… On s’est faufilé le plus vite possible entre la falaise et la pelleteuse, en ayant juste le temps d’entendre le pilote népalais gueuler la clope au bec « Slowly my friend ! Everything is ok ! ». On a pas eu le temps de lui répondre « t’es sympa l’ami mais nous on est pas encore sûr de croire au Karma alors on veut pas rester au milieu de ton chantier »… 




Day 2 - Tal - Thanchok

Bilan : 17 km, dénivelé positif : +1200m. Altitude finale : 2600m.


Pour débuter ce deuxième jour, on quitte notre petit sentier de la veille pour changer de flanc de vallée et rejoindre la route de terre qui est empruntée par les jeeps. On passe une grande partie de cette journée en fond de vallée avant de reprendre de la hauteur. C’est impressionnant comme les montagnes peuvent s’élever sur de courtes distances ici. Certains flancs sont quasiment des falaises et doivent frôler le kilomètre de hauteur. Mais l’explication géologique est simple, nous sommes dans la zone de l’Himalaya où les montagnes s’élèvent le plus vite : sur 30 km de distance, l’altitude passe de 800m (lac de Pokhara) à plus de 7500m. Un bras de fer de quelques millions d’années entre deux plaques tectoniques, et nous voilà au beau milieu d’un spectacle de roches, de falaises et de pics.

Seuls les passages des jeeps nous font sortir de temps en temps de notre contemplation. Chacune d’elle soulève un nuage de poussière qu’on affronte maladroitement en se mettant de dos et en se couvrant le visage le temps que la poussière retombe un peu. Heureusement il n’y en a pas trop, on profite donc bien de cette vallée au fond de laquelle coule une rivière agitée.


Juste avant le déjeuner qu’on passe dans le village de Timang, une côte abrupte a presque raison du moral de Thibault, qui s’endort presque sur la table en arrivant dans le restaurant. On croise encore beaucoup de troupeaux, des chèvres ou des moutons.



Le soir, on s’installe dans une petite auberge à l’entrée d’un village. Les chambres paraissent toutes neuves et en discutant avec le jeune propriétaire, on apprend qu’on est les tous premiers clients, non pas de la saison mais depuis l’ouverture de leur établissement ! Ce jeune couple a déjà deux petits enfants magnifiques. Ils vivent d’une manière simple et assez répandue ici : une pièce accueille toute la famille pour dormir, pas de lits à l’horizon puisqu’ils dorment blottis les uns contre les autres sur de fins matelas posés sur le sol. Dans cette pièce, un poêle permet à la fois de cuisiner pour toute l’auberge et d’apporter de la chaleur. C’est simple, c’est rudimentaire, mais à les voir ça n’a pas l’air d’être un frein au bonheur.



Day 3 - Thanchok - Upper Pisang

Bilan : 19 km, dénivelé positif +870m. Altitude finale : 3300m.


Le 3ème jour, le temps se gâte au cours de l’après-midi, puisqu’on finit la journée en marchant sous la neige. On découvre encore de beaux villages, notamment Chame. Le style de ce village très vivant nous rappelle le Tibet. En fait, dans ces régions himalayennes, la culture est davantage tibétaine que népalaises. La proximité géographique fait qu’un grand nombre de tibétains sont venus s’y installer en fuyant l’invasion chinoise. Les bouddhistes y sont donc sur-représentés si l’on se rapporte à la population générale du Népal qui est en grande majorité hindouiste. 


On déjeune dans un sous-bois à l’abris du vent, à quelques dizaines de mètres on observe des ouvriers qui construisent une route à travers la montagne. Les conditions de travail au Népal font parfois assez peur : ces hommes transportent des pierres à mains nues pour en faire les fondations de la route, le plus souvent ces ouvriers sont en claquette de piscine. Les équipements de sécurité sont simplement inexistants, on ose même pas imaginer les chiffres concernant les accidents du travail… 



En arrivant dans le village d’Upper Pisang, nous rentrons dans la première auberge qu’on croise « Nirvana Guest House ». On s’est laissé tenté par ces chambres construites sur pilotis et dont les fenêtres donnent directement sur l’Annapurna. C’est assez exceptionnel mais on avait pas tellement penser à l’isolation et à la chaleur en s’installant… Le vent s’engouffre à travers les lames du parquets pour ressortir par toutes les autres ouvertures possibles… Bref, les pilotis en montagnes, c’est une idée nulle. On retiendra la leçon pour les jours suivants où l’on fera même de petites études thermiques de chaque bâtiment avant de s’y engouffrer : « Si la salle commune - avec le poêle - est ici, et que la chambre est située là, combien de degrés peut-on espérer gagner dans la chambre ?… ». Comme vous le voyez c’est très scientifique et précis.


Côté rencontres, on croise 3 espagnols super sympas dans cette auberge. Ils ont environ 40 ans et font le trek entre amis. Globalement, lors de ces rencontres en auberge les mêmes sujets de conversation reviennent à chaque fois : n°1 - le mal des montagnes « Et ça va vous, pas mal à la tête pour l’instant ? » ; n°2 - le FROID « Et ca va vous, vous avez de bons sacs de couchage ? » ; et n°3 - les retours d’expérience sur l’étape de la journée, parfois un peu vantards : « Et ça va vous ? L’étape d’aujourd’hui était facile non ? ». Noooonnn c’était HARD espèce de C&!?3%D !




Day 4 - Upper Pisang - Manang

Bilan : 20 km, dénivelé positif +980m, Altitude finale : 3800m. 


Durant cette 4ème journée, on commence à être vraiment haut, alors les sommets se dégagent et on s’offrent de magnifiques vues sur l’Annapurna. On croise aussi de plus en plus de temples tibétains et de murs de prières où sont déposées des plaques d’ardoise sur lesquelles sont gravées des prières bouddhistes.



On découvre aussi une partie de la faune locale en observant un groupe d’aigles impressionnants. Ils tournoient autour d’un pic rocheux et passent quelques mètres au dessus de nos têtes. On a essayé de les prendre en photo mais ils n’étaient pas facile à suivre !

Le midi, on déjeune derrière un mur de pierre, à l’abris du vent pour pouvoir utiliser le butagaz. C’est une longue journée de marche pour rejoindre Manang, environ 20km, mais le dénivelé est plutôt bien réparti et nous évite des moments de souffrance.


Manang est une petite ville comparé aux villages qu’on a traversé précédemment, c’est ici que se termine la route qui arrive de la vallée. On y trouve même un petit aérodrome. Il y a des épiceries, une école, un petit hôpital et même une boulangerie ! Bref, on est impressionnés par l’activité qu’il peut y avoir dans un lieu aussi reculé. Notre auberge est rudimentaire ce soir, parce qu’il n’y a pas d’eau chaude, donc pas de douche, et il y fait encore très froid.




Day 5 - Manang - Letdar

Bilan : 12 km, dénivelé positif +800m. Altitude finale : 4220m.


Ce cinquième jour se déroule dans la grisaille. C’est une petite étape puisqu’on ne réalise que 12 km dans la journée, mais cela s’explique aussi parce qu’à cette altitude on doit respecter des paliers d’altitude. En gros, la règle est simple pour prévenir le mal des montagnes : ce n’est pas un problème de monter haut de manière ponctuelle, mais entre chaque nuit il faut respecter une augmentation de 750m maximum. En partant de Manang, on croise beaucoup de chevaux qui servent de porteurs jusqu’au col de Thorong La. En effet, la route s’arrêtant à Manang, il faut bien un relais pour approvisionner les derniers refuges. Ce sont ces joyeux canassons qui s’en chargent, ils portent des vivres, mais aussi parfois… des touristes ! Et oui, certains ont besoin d’un peu d’aide pour monter tout là-haut. On ne voudrait pas généraliser mais les seuls qu’on a vu faire ça venaient… des Etats-Unis. Un pays pourtant connu sa population majoritairement svelte… Humour facile, pardon.

On peut déjà s’inquiéter un peu pour ces chevaux courts sur pattes, mais en fait on s’inquiète d’autant plus pour les porteurs qu’on voit. Cette fois il est question d’hommes, pas de chevaux ou d’ânes ! En effet, beaucoup de népalais sont embauchés comme porteurs pour les touristes ou les ravitaillements des refuges. On voit donc des hommes avec des volumes monumentaux posés sur leur dos, ou plutôt sur leurs cervicales puisqu’en général c’est une lanière de plastique posé sur le haut de leur front qui emmène la charge appuyée tout contre leur dos. Ils se déplacent lentement et le plus souvent pliés en deux. Lors des pauses, on retrouve ces gaillards en train de fumer des cigarettes, boire des verres et jouer de l’argent dans des jeux de cartes qu’on ne comprend pas. Ils sont des forces de la nature mais il ne faut pas nier non plus qu’ils doivent être rapidement abimés par ce quotidien…



L’étape étant courte, on arrive en début d’après-midi dans une auberge à proximité du petit village de Letdar. Avec seulement 3 chambres, c’est la plus petite auberge qu’on ait vu jusqu’ici. On discute avec le couple de propriétaires, des trentenaires ayant une fille de 4 ans adorable. La petite n’est pas farouche puisqu’elle tente des ascensions sur nos genoux et nous tend fréquemment de la nourriture imaginaire : « Ice Creaaaam - Oh waouh thank you ». L’hospitalité commence dès le plus jeune âge chez les népalais ! On apprend aussi que le jeune couple s’est rencontré sur facebook avant de s’installer dans ce refuge de montagnes. Comme quoi, les réseaux sociaux ont quand même - parfois - des bénéfices !

Dans cette auberge, on arrive aussi à prendre une douche ! Ce qui est le bienvenu parce que ça faisait déjà deux jours que ça n’avait pas été possible… La douche est tiède et dans un cabanon en bois à côté de l’auberge. On en ressort frigorifiés mais c’est pour la bonne cause, on ne veut pas sentir le yak.


Un peu plus tard dans l’après-midi, un groupe d’alpinistes amateurs nous rejoint dans l’auberge, parmi eux : 2 français, 1 polonais, 1 allemand et 3 népalais. Ils reviennent d’une ascension sur un sommet de 6000 mètres. C’est seulement 600 mètres de plus que le col que nous passerons après-demain, mais pourtant on voit à leur équipement que cela fait une belle différence. Ils ont clairement affronté de belles quantité de neige (jusqu’au genou), et ils étaient forcés d’avancer en cordée. L’enthousiasme de leur exploit du jour est contagieux, ils ressassent les moments de l’ascension en enchainant les clopes, sportifs mais pas trop non plus les bougres. L’ambiance est bonne mais on comprend que leurs esprits sont encore au sommet et moins à l’échange alors on s’éclipse dans notre chambre.



Day 6 - Letdar - High Camp du col Thorong La.

Bilan : 7 km, dénivelé positif +720m. Altitude finale : 4860m.


Enfin enfin, en ce sixième jour, il fait un temps magnifique ! Et tant mieux car aujourd’hui on doit rejoindre le High Camp, c’est-à-dire le dernier camp d’où il est possible de s’élancer pour passer le col de Thorong La, celui que nous viserons demain. Cela veut surtout dire qu’on commence à être très très haut, puisqu’on dormira ce soir à 4860m. Les paysages qui nous entourent pendant cette journée sont juste exceptionnels, autour de nous se déploie toute la chaîne de l’Annapurna avec ses sommets vertigineux qui dépassent les 7000 mètres. On traverse encore des ponts suspendues pour passer d’un flanc à l’autre de la vallée qui nous mène au High Camp. Les premiers nous avaient impressionnés mais maintenant on est plutôt habitués à ces ponts qui se mettent à gesticuler quand vous poser le pied dessus. Cette fois, la végétation a définitivement disparu, ce qui nous laisse dans un paysage sec et froid, où l’on traverse des zones de glissement de terrain impressionnantes, toujours un oeil rivé sur l’amont au cas où il faudrait éviter une pierre, ou fuir un bloc gros comme une maison… 


On sent aussi que l’altitude commence à nous ralentir dans l’effort. Notre journée ne fait que 7km de distance mais on met tout de même du temps à gravir le dénivelé final qui est très abrupte. L’altitude ne crée pas de douleurs particulières, on est simplement essoufflé 10x plus vite que la normale… Cela oblige à faire plus de pauses. On a la chance de voir des chamois en fin de journée, ils ne sont pas peureux puisqu’on s’approche à quelques mètres seulement. 



En fin de journée, on atteint le High Camp où l’on sympathise avec un couple d’allemands. On profite qu’il fasse encore jour pour tenter de s’acclimater à l’altitude et s’offrir un beau point de vue, on monte en quelques minutes sur le un pic d’où l’on peut observer les sommets alentours. Le soir, on joue aux cartes en profitant de la chaleur du poêle dans la pièce commune.


Avec l’altitude, on sait que sommeil est perturbé. Mais là c’est flagrant puisque durant cette nuit à plus de 4800m, on se réveille presque toutes les heures, on fait des cauchemars et on a beaucoup de mal à s’endormir. Thibault se réveille même pendant la nuit avec la sensation soudaine que quelqu’un lui chatouille les côtes, Elise est innocente, c’était donc une sacrée hallucination ! Bien évidemment, même à cette altitude les chambres ne sont pas chauffées, ce serait trop facile… Donc on pense que cette nuit là la température devait frôler les -10 degrés. S’il y a un investissement qu’on a jamais regretté pour ce voyage, c’est le sac de couchage !


  


Day 7 - Passage du col Thorong La.

Bilan : 14 km, dénivelé positif +600m. Altitude maximum (passage du col) : 5400 mètres. Dénivelé négatif (comprenez « descente qui fait mal aux genoux ») : 1700m.


C’est le grand jour, aujourd’hui nous devons passer le col de Thorong La pour rejoindre la vallée qui nous mènera au village de Muktinath. Nous partons d’une altitude de 4800m et le col nous attend 600 mètres plus haut, à 5400 mètres. On s’élance donc dans cette ascension depuis une altitude où il n’est déjà pas facile de faire un effort soutenu. Notre vitesse en pâtit, nous avançons lentement, très lentement, et les pauses se font de plus en plus fréquentes pour pouvoir reprendre son souffle. La raison est purement physique : à 5000 mètres il n’y a plus que 50% de l’oxygène dans l’air… Donc on fatigue vite ! 

On avance tout de même sans trop souffrir comparé à d’autre randonneurs qu’on croise. Le risque est surtout d’avoir des maux de tête violents ou de développer d’autres symptômes liés au mal des montagne. Les vues qu’on s’offrent là-haut sont splendides, des paysages où certains glaciers nous observent, et où déjà nous observons de haut les nuages qui couvrent les vallées alentours. On sent que le soleil tape très fort à cette altitude, d’autant plus avec la réverbération de la neige, on se couvre donc au maximum pour éviter de griller. Dans la neige, les crampons achetés quelques jours avant le trek nous aident à avancer sans risquer de glisser, un outil essentiel pour éviter de se mettre en danger.



Et puis, après 3 belles heures d’effort à haleter et à faire des pauses en regardant nos pieds. Nous arrivons enfin au col de Thorong La ! Rien que 5400m, la fierté est immense ! On se prend dans les bras après ce bel effort. Monter jusqu’ici n’est pas un effort anodin, on est vraiment heureux d’être là. Bon, il faut dire qu’il ne fait quand même pas chaud et que le vent s’engouffre dans la col pour changer de vallée, alors on ne s’éternise pas non plus. Après quelques photos pour éterniser notre petit exploit, on s’embarque dans la descente.


La descente n’est pas vraiment une partie de plaisir. 1700 mètres de dénivelé négatif, ça tape fort dans les genoux quand on a 10kg sur le dos. On met plus de 4 heures à redescendre jusqu’au village de Muktinath dans lequel on va se reposer et profiter de la joie d’avoir fait ce circuit de l’Annapurna.

Le soir l’ambiance est festive et la fierté est partagé par tous les randonneurs ayant emprunté le même chemin. L’ambiance est internationale, autour de la grande cheminée centrale qui réchauffe les corps endoloris par l’effort, nos voisins sont russes, américains, allemands, britanniques et autres. C’est fraternel, ça discute dans un anglais approximatif.


Cette nuit, nous allons pouvoir dormir sans faire de cauchemars d’altitude, sans être réveiller par le froid aussi, nous allons dormir du sommeil des justes ! 




On est vraiment heureux d’avoir pu faire ce trek dans l’Annapurna. En fait, à chaque fois qu’on revient d’un trek, on reconnaît qu’il y a eu des moments de souffrance ou alors des moments où le manque de confort pouvait être pesant, mais le plaisir qu’on trouve dans l’effort soutenu, les paysages ou les rencontres sur la route font qu’on ne se lasse pas. On repart toujours avec l’envie d’en faire plus, et notamment de consacrer plus de temps à ces activités à notre retour en France, parce qu’on a la chance d’avoir un pays plutôt cool pour grimper ou randonner, alors autant en profiter !