Nous découvrons la ferme de John et Mamata dans un environnement magnifique. A quelques kilomètres du petit village de Chanauli, les champs de moutarde s’épanouissent en tous sens, offrant d’immenses étendues d’un jaune éclatant. Le paysage est parfaitement plat dans cette région du Sud du Népal, les jours où le temps est assez clair, il est possible d’apercevoir les montagnes du Nord du pays, début de la chaîne himalayenne. La maison dans laquelle on s’installe est entourée d’un jardin luxuriant, lui-même entouré de ces champs de moutarde magnifiques. Mamata nous y accueille chaleureusement, elle vit ici avec John (qu’on ne rencontra pas car il était en Inde durant toute la durée de notre séjour), ses deux filles et ses beaux-parents. En effet, au Népal la tradition veut qu’après le mariage, la femme quitte son foyer parental pour aller habiter avec son mari et ses beaux-parents. Etonnamment, cette famille est chrétienne-protestante, ce qui est extrêmement rare au Népal (à peine quelques pour cent sur la totalité de la population) vue que l’immense majorité de la population est hindouiste (80%) et que le reste est plutôt bouddhiste (10%).


On avait supposé qu’on serait les seuls volontaires dans ce volontariat, mais on découvre 5 autres volontaires à notre arrivée. Ces rencontres sont une bonne surprise, il y a Sophie, anglaise, Cécilia de Chine, Petra d’Italie et puis Amélie, Gaëtan et Maxence, trois joyeux français. C’est étrange pour nous de reparler français avec d’autres personnes, nous n’avions pas sympathisé avec des français depuis la Géorgie ! On essaie quand même de parler anglais pour que nos amies anglaise, chinoise et italienne ne se sentent pas perdues parmi tous ces frenchy ! Ce groupe international est agréable et l’entente s’y installe rapidement.

Assez rapidement, on réalise que les attentes de notre hôte en termes de charge de travail sont beaucoup plus faible que ce qu’on avait pu imaginé, notre mission principale pour les quelques jours qu’on passe dans cette ferme est en fait de repeindre le portail, mais on ne dépasse pas les 3h de travail en moyenne. A vrai dire, on est un peu déçu sur cet aspect, car la description indiquait que la ferme élevait des animaux. On se faisait donc une joie de pouvoir apprendre les rudiments de l’élevage mais ce sera pour une prochaine fois. On met quand même un peu les mains dans la terre en désherbant des parcelles où l’on trouve des oignons et de l’ail, on récolte aussi de la moutarde. Notre rythme journalier est guidé par les repas et le soleil, on se réveille naturellement à 7h30 et on se couche vers 22h. Dit comme ça, ça ne fait pas forcément rêver mais après quelques jours on se sent reposés comme jamais ! Avec ces longues journées et ces quelques heures de travail éparses, chacun a beaucoup de temps pour vaquer à des occupations plutôt sympathiques : se promener dans les champs, faire du sport, jouer au foot avec les gosses du village d’à côté, mais aussi écrire ou lire. A propos de lecture, on conseille vivement « Premier combat » de Jean Moulin. On y découvre l’attente et l’organisation de ce préfet qui refuse de quitter sa ville face à l’envahisseur. C’est court et ça donne de belles clefs de compréhension sur le début de la seconde guerre mondiale et sur la détermination de ce grand homme. Détermination qui finit par lui coûter cher. Bref, une lecture bien loin de ce qu’on peut vivre au Népal, mais toujours bonne à prendre !


Dans notre fine équipe, nous avons la chance d’avoir Amélie, dont les compétences en cuisine sont juste exceptionnelles. Pendant ces 10 jours, on mange des plats dont on osait même plus rêver durant ce voyage : des falafels, du crumble, des pizzas, des sortes de pitas végétariennes et plein d’autres choses incroyables ! A force, on est comme des gosses à attendre chaque repas avec impatience en se demandant ce qu’elle a bien pu nous cuisiner de plus incroyable qu’au repas précédent. Chapeau la cuistot ! 

Et puis il y a Maxence qui sort d’une retraite de méditation dans un monastère de Katmandou. Ce qu’il nous raconte sur cette expérience est intéressant et éveille surtout ma curiosité (c’est Thibault qui parle) alors je commence à me renseigner sur le monastère en question, qui semble avoir une approche assez ouverte - pas besoin d’être bouddhiste ou autre - et peu stricte, car on trouve au Népal des formes de méditation très strictes et ascétiques, presque dangereuses parfois, notamment la méditation Vipassana. Et mon idée est plutôt de trouver un cadre de réflexion agréable et accueillant où l’on peut échanger plutôt que de payer pour se retrouver en prison une semaine. Bref, dans la vie il est rare d’avoir l’opportunité de se retrouver seul pour réfléchir sans interruption pendant une semaine, alors je crois que je vais tenter d’expérience au monastère de Kopan !


Dans cette région du Népal, qu’on appelle le Chitwan, la campagne côtoie la jungle de très près. A tel point que quelques jours avant notre arrivée, une camarade de classe d’une des filles de Mamata a vu sa maison en partie détruite par des éléphants qui passaient par là. Ils ont du se dire que c’était plus amusant de passer à travers la maison plutôt qu’à côté… Rassurant ! Mais la présence ces espaces naturels et de cette faune est surtout une grande richesse, alors on décide d’aller observer ce qu’il s’y passe en faisant un petit safari. Sur le temps d’une mâtinée, on sillonne à travers la jungle et les hautes herbes dans une jeep. On commence par voir un nombre impressionnant de biches, mais aussi des oiseaux magnifiques, beaucoup de pans notamment ! Et à force de patience et d’observation, on finit par apercevoir l’habitant le plus balèze des environs, le fameux rhinocéros ! Malgré leur taille, ils sont facilement cachés par les hautes herbes, alors on commence par en voir la courbure du dos (qu’on peut confondre avec un gros rocher par moment…) et puis il faut s’approcher pour les voir lever la tête. C’est beau de les voir dans un environnement ouvert et naturel plutôt que dans des cages. Ici, les étrangers c’est nous. On voit aussi un animal dont on ne connaît pas le nom, à mi-chemin entre le renard et le loup, se déplaçant en meute. Quelques autres se font plus discrets et on ne parviendra pas à les apercevoir, les tigres et les crocodiles notamment. Mais le simple fait de savoir qu’ils sont là a quelque chose d’impressionnant, car à n’en pas douter ils nous voient et nous observent de loin. Ils doivent se demander ce que font ces bêtes étranges entassées sur des machines bruyantes où ils se font secouer comme des pruniers…



Quelques jours après cette aventure (même si on pourrait discuter du fait que poser ses fesses dans une jeep soit une aventure ?) on participe tous ensemble à un festival local. Il s’agit du festival de la caste des Tharu. Car oui il existe bien un système de castes au Népal comme on peut aussi en voir en Inde. Ce festival local est beau et chaotique, organisé en bordure de rivière, on y trouve une grande scène ou des danses traditionnelles et des discours d’hommes politiques se succèdent, mais aussi un grand nombre de stands plus petits où l’on peut acheter des plats locaux, jouer à des jeux d’adresse ou de hasard. On profite de la bonne ambiance tout en étant très très observé par les locaux qui pour certains semblent n’avoir jamais vu d’européens. Il y a les éberlués, qui nous fixent de loin de manière statique, les curieux qui nous suivent (souvent les plus jeunes), et puis les téméraires, qui se risquent à venir échanger quelques mots d’anglais avec nous. Ils sont adorables, souvent ils commencent par s’inquiéter de savoir si l’on se sent bien dans leur pays, et puis d’autres sujets sont récurrents, notamment les joueurs de foot français, Killian Mbappé en tête… Dans ce festival, on trouve même un éléphant au milieu de la foule. On est d’abord sidéré de le voir là, et puis on s’approche et on se rend compte que la pauvre bête est dressée pour ramasser les billets de banque que lui tendent les festivaliers, puis elle les tend à l’aide de sa trompe à son propriétaire posé sur son dos. La scène est lunaire, invraisemblable. Et pendant ce temps-là, des personnes passent entre les jambes de la bête gigantesque, histoire de s’offrir un petit frisson et de repartir en gloussant. Du coup, on crie à l’éléphant : « Vas-y Babar, montre leur de quoi t’es capable, un petit coup de trompe et tu te fais la mal dans la jungle mon grand ! » Non évidemment c’est faux, on se résigne et on s’éloigne de ce triste spectacle, triste parce que l’éléphant n’est pas fait pour être un animal domestique et qu’il faut forcément une bonne dose de maltraitance pour les rendre aussi dociles et soumis.

Aux abords du festival, on découvre des paysages exceptionnels, le long de la rivière s’étendent des plages magnifiques de sable fin où se mêlent de hautes herbes. Ces zones sont probablement recouvertes d’eau durant la saison des moussons mais à ce moment-là c’est magnifique ! 



On est heureux de cette première expérience de volontariat, même si on aurait aimé travailler un peu plus, les belles rencontres qu’on y fait et les paysages de la campagne du Chitwan valent le détour. Après une grosse semaine sur place, il est temps de dire au revoir à Mamata et sa famille pour revenir à Katmandou. Même si l’expérience est bonne, la prochaine fois nous serons un peu plus sélectifs sur le choix de notre volontariat, car nous voulons renouveler l’expérience au Népal, et si possible pour y apprendre plus de compétences ou simplement s’y sentir plus utile et mettre les mains dans la terre !

Dans les prochains jours, notre objectif est de définir plus précisément le programme des prochaines semaines, car le temps passe vite au Népal, et cela fait quasiment 1 mois que nous sommes là ! On a déjà quelques projets en tête : treks dans l’Himalaya, retraite de méditation, trouver notre prochain volontariat…