Nous arrivons à Xi’an après une nuit agréable dans le train et pour notre premier jour on décide de visiter le quartier musulman. Dans l’histoire, Xi’an fut pendant longtemps la capitale de la Chine mais aussi et surtout le terminus de la route de la soie à l’Est. C’est notamment grâce aux échanges commerciaux et culturels de l’époque qu’il existe aujourdh’ui à Xi’an une importante communauté musulmane qui dispose d’une splendide mosquée ! 

Tout autour, le quartier musulman est en effervescence, les rues n’y sont pas très larges et pourtant les gens s’y pressent. On y trouve des boutiques de calligraphies, de souvenirs, mais surtout une quantité astronomique de boui-boui les uns à côté des autres, la concurrence est rude ! On essaie certaines spécialités locales, notamment un célèbre petit pain rond garni de viande et de petites pâtisseries, mais on est surtout occupés à observer ces centaines de petits magasins. Au vu des conditions d’hygiène de certaines étales, on pourrait croire qu’ils essaient de nous inventer le prochain covid ; c’est surtout marquant pour la viande qui est pendue ou étalée sur des tables et qui reste donc toute la journée à température ambiante. La chaine du froid ? On en rigole mais même les locaux nous disent qu’il faut faire attention à ce qu’on mange dans la rue…

Voila pour le moment rabat-joie, on peut revenir à ce qui nous intéresse davantage : la beauté de ce quartier qui entoure une mosquée à l’architecture chinoise, rien à voir avec ce qu’on a pu voir en Turquie ! On visite cette mosquée qui est un havre de paix au milieu d’un quartier chaotique. Voir des chinois avec de longues barbes et de petits chapeaux musulmans nous étonnent, ça dénote avec les standards du pays.



On visite aussi à Xi’an la Drum tower, « tour du tambour » en français. Un édifice imposant situé en plein coeur de la vieille ville, et ce pour une raison logique : son rôle était d’annoncer l’heure pour les habitants. La mesure du temps, rôle qui incombait en France aux églises. En l’occurence, la Drum tower partageait ce rôle avec la Bell Tower (tour de la cloche), située à quelques centaines de mètres. Le rôle de la Bell tower était de sonner le début de la journée, tandis que la Drum tower venait la clôturer le soir.

Lors de notre visite, on a la chance de tomber par hasard sur un concert de musique traditionnelle chinoise. Une très belle découverte, avec des instruments qu’on avait jamais vu auparavant. 



A Xi’an, on loge dans un auberge de jeunesse gigantesque ! C’est au bar de l’auberge qu’on a la chance de croiser Jamie, un chinois de Shanghai qui voyage quelques jours en solitaire pour fêter la fin de son master qu’il vient d’obtenir. On discute et surtout il nous aide beaucoup dans quelques démarches de réservation en ligne, car en trois semaines nous n’avons évidemment pas progressé en chinois et la moindre réservation est toujours une épreuve. Jamie est bavard et nous apprend beaucoup de choses sur la Chine ! En fin de soirée on décide de visiter la Grande Pagode de l’oie sauvage ensemble le lendemain, c’est l’un des principaux monuments de Xi’an.

Nous voici donc visitant la Grande Pagode avec Jamie. Cet édifice date du 7ème siècle et fut construit sous la dynastie Tang. La pagode abritait les soutras et les figurines de Bouddha ramenés d’Inde par un moine-pèlerin de l’époque : Xuanzang. Ce dernier partit en Inde pour aller y chercher des textes bouddhiques, et ainsi pouvoir les ramener et les traduire. Ce personnage est donc important pour les bouddhistes chinois car il a bien étoffé leur littérature de l’époque. Autour de la pagode s’étendent de beaux jardins et des temples à l’ambiance apaisante. Beaucoup de chinois viennent y allumer de l’encens et y faire quelques prières.



Côté religion, les chinois ne sont pas particulièrement religieux mais cultivent pourtant certaines croyances qu’on pourrait facilement qualifier d’ésotériques : le Feng Chu par exemple qui édicte certaines règles de circulation de l’énergie (d’ailleurs assez populaire en occident parce que ça permet d’aménager son intérieur…), la croyance en certaines divinités ou esprits etc. Et beaucoup de chinois vont par exemple se rendre au temple sans être foncièrement croyants. On pourrait dire qu’ils sont pratiquants sans être croyants en quelque sorte, et ce en pratiquant dans des temples de différentes confessions… Ce rapport des chinois à la croyance peut donc être troublant. La culture traditionnelle chinoise est faite d’un grand nombre de croyances qui semblent religieuses mais qui s’apparentent plutôt à de la superstition. On a donc l’impression d’être face à une constellation ou à un patchwork de croyances, mêlant superstition, traditions chinoises anciennes, morceaux de religion etc. Il est difficile d’y voir clair ! 


On est impressionné par la place du commerce et de la consommation dans les grandes villes chinoises. Le nombre de centres commerciaux est impressionnant et les grandes enseignes sont omniprésentes. Le parc automobile chinois est composé à 90% de voitures neuves. Sur ce sujet, il est drôle de voir les ressemblances troublantes de certaines voitures chinoises avec des modèles de grandes marques européennes. On ne pensait pas que la contrefaçon pouvait exister dans le domaine automobile… Sur beaucoup de points et paradoxalement, le mode de vie chinois nous fait penser au mode de vie des américains. En tout cas, les jeunes chinois portent des maillots de basket américains et écoutent de la musique américaine, en jouant aux mêmes jeux vidéos et en consommant de manière similaire… la Chine court vite, mais il semble que le soft power américain ait une bonne avance !


Il est temps de quitter Xi’an et cet après-midi nous avons un train pour Chengdu, mais on ne peut évidemment pas s’en aller sans passer voir l’armée de terre cuite ! L’armée de terre cuite est un lieu archéologique exceptionnel datant de 210 avant J-C. En 1974, alors qu’un agriculteur chinois tente de forer un puit, il tombe par hasard sur des restes de statues. Les fouilles montrent que le site s’étend en réalité sur plusieurs hectares, et que c’est toute une armée de terre cuite qui est enterrée à cet endroit, avec des guerriers à taille réelle. Il n’y a pas moins de 8000 guerriers et plusieurs centaines de chevaux et de chars. Le lieu est en fait le mausolée de l’empereur Qin, premier empereur de Chine à avoir réussi à unifier son territoire. L’homme est donc bien accompagné jusque dans l’au-delà avec ses 8000 hommes. Lorsqu’on s’approche, on découvre le niveau de détails formidable de l’oeuvre : chaque guerrier de terre est individualisé, avec un visage très identifiable et différent des milliers d’autres. Le réalisme laisse penser qu’une vraie armée a été pétrifié ici. Les légères différences de taille entre guerriers indiquent leur différence de grade, les plus grands étant les plus gradés. L’armée est placée en rangs, car elle a été enterré dans des galeries ensuite recouvertes et enterrées. Il y a beaucoup de monde lors de notre visite malgré la basse saison, c’est le deuxième site le plus visité du pays après la grande muraille ! Malgré la foule, on parvient à se frayer des chemins pour profiter de cet endroit hors du commun et on reste vraiment impressionnés par cette armée de plus de 2200 ans et son niveau de conservation fabuleux !


Bref, après ces belles découvertes, on repart avec le train vers le Sud en direction de Chengdu. A bientôt !